Deux films de “mauvais” genre que tu ne connais pas
J'ai déniché pour toi deux films qui mériteraient ton attention, un thriller fantastique et une comédie musicale horrifique. C'est partie !
Chair lecteur·ice 😈
Souhaitons la bienvenue à Julian, Enzo, Klervi et aux personnes sous pseudo, dans l’enfer de cette 69e édition des Papiers Noirs à l’Encre Rouge. Vous faites partie des 97 abonné·es. A quand les 100 ?
Dans ces Papiers Noirs tu trouveras de quoi (re)découvrir des pépites littéraires et cinématographiques entre thriller, fantastique, horreur et science-fiction. Par le prisme de l’écriture, de la lecture et de l’actualité, c’est sang pour sang '“mauvais” genres.
Bonne lecture !
🔪En un coup de couteau
Dans les angles morts : un thriller fantastique déguisé en film d’épouvante
Stage Fright : un slasher qui ne sonne pas comme les autres
Dans les angles morts de Shari Springer Berman et Robert Pulcini (2021)
Un couple de Manhattan s’installe dans un hameau historique de la vallée de l’Hudson. Ils vont bientôt découvrir l'histoire sombre qui a eu lieu dans leur nouvelle maison et qui fait étrangement écho à celle qu'ils sont en train de vivre…
Ohlala, le synopsis pue le film de maison hantée classique à la Amityville ! Un internaute de SensCritique l’a même mis dans une liste de “Films vus et revus”.
Mais je me demande s’il l’a vu, en réalité. Car je ne te ferais pas l’affront de te recommander ce film, s’il était si banal à crever. Eh ouais.
“Bancal et oubliable”, “Un film sans défaut ni qualité.”, “l’ennui !” critiquent celleux qui s’attendaient à un nième film d’épouvante qui finit dans un incendie ou en exorcisme.
Là où j’ai eu peur de la redite, j’ai été agréablement surprise par le contrepied pris par les scénaristes (et probablement l’autrice du roman). Dans ce film, tu peux dire adieu à des clichés comme :
L’enfant ciblé par un démon qui se met à faire flipper les darons
La femme qui finit folle à force d’être témoin d’activités paranormales
L’animal domestique qui meurt (lol, y en a même pas)
L’esprit harceleur mue par une envie de vengeance insatiable
Les jump scares artificiels
En fait, ce n’est pas vraiment un film d’épouvante au sens que ça sous-entend. La connotation d’épouvante est souvent : angoisse, fantômes malintentionnés, etc.
Pour moi l’erreur qui a conduit à des déceptions, c’est le mauvais classement de genre. Je l’aurai estampillé “thriller fantastique” si j’avais pu donner mon avis. Mais Netflix veut juste faire du clic (et du fric).
Le couple qui emménage dans cette nouvelle maison est bancal. Ce n’est pas l’Hôtel Overlook qui transforme Jack Torrance en monstre à la hache - bien qu’il s’agisse d’une référence sous-jacente dans l’adaptation de Berman et Pulcini -, c’est George Claire, bien sous tout rapport qui cache quelque chose.
Et cette fois, le surnaturel est une porte vers la vérité.
Si ce film est si différent, c’est peut-être parce que son duo de réalisateur·ices est originaire d’autres horizons. Ensemble, iels ont 8 autres films (et quelques documentaires, dont un nommé aux Oscars en 2003) à leur actif, et ceux-ci oscillent tous entre drame et comédie, avec parfois une touche de romance.
Dans les angles morts est une “anomalie” dans leur filmographie.
A ce propos, tu ne trouves pas que ce titre est étrange ? En fait, c’est l’interprétation française du titre original “Things Heard & Seen” qu’on pourrait littéralement traduire par : “Les choses que l’on entend et que l’on voit”. Sachant que le titre du roman dont il est tiré est “All Things Cease to Appear” soit : “Toutes les choses cessent d’apparaître”.
Si j’insiste sur le titre, c’est parce que quel qu’il soit (celui du film, du roman, en français ou en anglais), il fait toujours référence à la dangerosité des apparences.
🚮 Ce qui est à jeter :
L’esthétique des apparitions spirituelles qui m’ont fait l’effet de vieux ajouts à l’ordinateur comme on ne devrait plus en faire dans les année 2020’s ;
Manque d’effet inquiétant dans l’intrigue, mais c’est peut-être à cause de sa prévisibilité ;
Le dernier plan fantasmagorique ne m’a pas convaincu, en fait je ne l’ai pas tellement compris étant donné le dénouement.
👌 Ce que je garde :
Le jeu des acteur·ices, bien dosé, en phase avec le genre et son originalité, plus proche du drame familial que du film d’horreur ;
La force du message sur le thème sociétal des relations toxiques et des pervers narcissiques.
Je crois que ce film à un potentiel dissimulé derrière l’apparente banalité de la campagne marketing qui l’entoure. Personnellement, j’ai attribué un 7/10 à Dans les angles morts, même si te le trouveras sans doute prévisible*.*
Maintenant, j’aimerais découvrir le texte d’origine sous la plume de Elizabeth Brundage, éditée en France depuis 2018 par les éditions La Table Ronde.
Stage Fright de Jerome Sable (2014)
Bien décidée à suivre les pas de sa mère, ancienne diva de Broadway, Camilla passe un casting et décroche un rôle dans un opéra. Mais les répétitions tournent vite au bain de sang.
Dans mes Papiers Noirs à l’Encre Rouge, je m’efforce de te faire découvrir des œuvres de niche. Cette fois, je fais fort.
Stage Fright n’est pas simplement un film d’horreur, c’est un slasher, mais pas comme Halloween. C’est un slasher comique, mais ce n’est pas une parodie à la Scary Movie. En fait, c’est un slasher musical. Et je n’ai aucun élément de comparaison à ce niveau là.
A priori, les seules comédies musicales horrifiques que j’ai vues dans ma vie sont :
The Rocky Horror Picture Show par Jim Sharman (1975) dans lequel Meat Loaf jouait Eddie, alors qu’il joue un personnage principal dans Stage Fright, personnage qui me rappelle beaucoup le producteur Harold Zidler dans Moulin rouge (Baz Luhrmann, 2001).
Sweeney Todd : le diabolique barbier de Fleet Street, par Tim Burton (2007)
Deux films que j’ai beaucoup aimé, par ailleurs. Peut-être parce que j’adore les comédies musicales, parce que j’adore chanter (sous la douche, comme tout le monde).
Pour que tu captes à quel point il est rare d’allier flots de sang, chansons et rires au cinéma, voici une liste de 23 comédies musicales horrifiques.
Et c’est Jérôme Sable, un réalisateur canadien dont les courts-métrage horrifiques ont souvent été primés, qui s’est attelé à la tâche de mettre en musique un slasher dans son tout premier (et dernier à ce jour) long-métrage.
Je te laisse écouter ce que ça donne sur Deezer.
Je suis bien contente d’être tombée sur cette petite perle cachée sur des étagères remplies de DVD d’occasion.
Ce qui est à nuancer :
La qualité des chansons (je veux parler des paroles) qui sont oubliables sur le moment (mais dont les notes sont restées dans ma têtes plusieurs jours durant), bien que la mise en scène musicale soit réussie ;
La scission brusque entre les scènes dédiées à l’intrigue principale et celles dédiées au semblant d’arc narratif de l’antagoniste tueur en série
Ce que je garde :
Le gore, assumé dans les scènes de tuerie, bien qu’elles ne soient pas très nombreuses.
L’humour léger qui contraste avec la noirceur des événements
L’avant première du #metoo dans des scènes rageantes puis des scènes réjouissantes
La bande-son composée par Jérôme Sable et Eli Batalion, un compositeur pour le théatre et le cinéma
J’ai beaucoup aimé la performance d’Allie MacDonald. En tant que chanteuse, je ne suis pas sûre qu’elle était forcément la mieux placée pour le rôle, mais pour incarner cette douceur angélique couplée à un pouvoir de séduction qui fait des hommes des êtres à vomir, c’est un excellent choix.
Finalement, Stage Fright vaut un 7/10 pour moi !
Avant de partir, j’ai une question pour toi.
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A mercredi prochain 👋
Eh bien merci pour ce post ! J’ajoute les deux films à ma watchlist de ce pas 👀