C'est la fin de Coupés du monde
Tu t'apprêtes à lire le chapitre qui clôture ma série littéraire d'horreur, alors ne te spoile pas si tu veux lire toute l'histoire !
Hello, chair lecteur·ice 😈
La semaine dernière la newsletter portait sur notre perception des tueur·es en série. J’ai tenté de répondre à la question bien trouvée de
: « Naît-on serial killer ou le devient-on ? »Et mes lecteur·ices ont répondu à ma question :
Merci d’être revenu·e en force sur les Papiers Noirs à l’Encre Rouge.
N’hésite pas à faire comme
qui m’a gentiment conseillé une série Netflix sur le tueur en série Richard Ramirez (que je n’ai pas encore commencé puisque je lis J’ai épousé un inconnu et que je joue à Watch Dogs en ce moment…)En parlant de ce que je fais - si ça t’intéresse…
C’est quoi un twist ?
Sur Instagram j’ai décidé de lancer un nouveau format de post. Il s’agit de réflexion autour de thématiques et caractéristiques en littérature et au cinéma, toujours dans la catégorie des “mauvais” genres, évidemment.
Et la semaine dernière j’ai livré à mes abonné·es ma définition du twist.
Si tu veux participer à la discussion, rejoins-nous sur Instagram !
Et maintenant, passons à ce qui t’intéresse dans cette édition !
La fin de Coupés du monde
Si tu débarques tout juste ici, voici le résumé :
Un groupe de jeunes n’a rien trouvé de mieux à faire pour se la couler douce pendant leurs vacances que de louer une cabane abandonnée en pleine forêt. Evidemment qu’il va leur arriver des bricoles, mais ce que vous voulez savoir c’est si l’un d’eux va s’en sortir et surtout comment !
Tu peux lire le prologue et les 4 premiers chapitre ici, si ça n’est pas déjà fait.
Bonne lecture !
Chapitre 5
Ce n’est pas du fatalisme trouillard que Cossima lit dans les yeux de Wallace, c’est du sadisme menaçant. Sa voix a mué. Elle est plus grave et plus claire à la fois. Elle a tout d’un robot. La voilà définitivement dans une de ces situations inextricables qui demandent de faire un choix. Si jamais elle se trompa, c’est la mort assurée. Difficile d’être stratégique quand le temps presse… Mais elle a une idée.
Wallace s’approche dangereusement, avec la ferme intention d’enserrer ses mains crochues autour de son cou. Il n’est plus qu’à un mètre – l’occasion de voir que dans ses yeux fixe défile une sorte de code numérique – lorsqu’elle bondit hors de sa portée, libérant la porte. Celle-ci valdingue sous l’acharnement de la force. Mais déjà, Cossima contourne le lit et actionne la poignée de la fenêtre pour s’échapper. Les battements de son cœur sous pression masquent la douleur qui la lance dans sa cheville. Ils assourdissent jusqu’aux hurlements étranglés dans son dos, battant ses tympans. Le mécanisme est grippé, elle doit s’y prendre à trois fois pour ouvrir son issue de secours. Elle a à peine le temps de se retourner pour voir l’homme, débarrassé de son fusil, planter sa mâchoire dans l’épaule de Wallace et en arracher un bout de chair à vif.
Terrorisée, elle passe le cadrant et s’avance sur la toiture en bois. Ça sent l’humidité. Parce qu’il pleut ! Des nuages ont fait irruption dans le ciel, et ils sont bas. Il faudra faire attention à ne pas glisser. Maintenant, un peu plus de deux mètres séparent Cossima du sol. Elle imagine déjà le résultat combine d’une chute de cette hauteur avec le revêtement en gravier de la cour. Sauf que c’est forcément préférable au sort de Wallace qui se fait dévorer vivant. Alors, les yeux plissés, elle fléchit les genoux tant bien que mal, ignorant sa cheville souffrante, et saute. La réception est moins pire que ce qu’elle avait imaginé. Ses jambes ont amorti le choc, et ses mains l’ont empêché de se vautrer à plat ventre.
La camionnette à l’aire usée, vieille. Fonctionne-t-elle seulement ? Cossima se met à en douter… Dès qu’elle commence à marcher dans sa direction, elle se retrouve incapable de poser son pied gauche au sol. Son hurlement de douleur précède l’explosion du tonnerre. Les gouttes de pluie se font plus nombreuses, mais impossible de prendre appui sur sa cheville. Un premier vertige la prend en voyant l’état de sa jambe : elle semble plus courte. Les dents serrées de toutes ses forces, Cossima fait quelques sauts à cloche pied, puis s’effondre. Ça bouillonne dans son membre. Parce qu’elle vient de le fracturer, il n’y a pas d’autre explication.

Un bruit de casse la ramène à l’urgence. L’apparence de son bourreau a changé. L’homme barbu, trapu, s’est vu remplacer sa tête par celle de Wallace et ses jambes par les quatre pattes du chevreuil. Il vient de briser la vitre de la fenêtre en sautant au travers. Ce monstre, hybride infâme, a l’intention de fusionner avec une partie de Cossima.
Elle se met à ramper, en puisant dans l’énergie qu’il lui reste, malgré une pensée persistante. Pourvu que je ne fasse pas une hémorragie interne ! Ça n’aurait plus d’importance quand elle se fera bouffer par le rejeton du diable…
Elle approche, elle est tout près de la camionnette. D’ailleurs, elle peut en toucher l’un des pneus arrière qui, à vue d’œil, manque de pression. Le centaure cauchemardesque a sauté du toit. Il fonce sur Cossima au moment où elle atteint la poignée de la portière pour la tirer.
Mais c’est trop tard.
La bête piétine ce qu’il lui reste de jambe. Son cri provoque l’envol de quelques oiseaux jusqu’alors paisibles dans la forêt, malgré la pluie. Bientôt, le sang gicle sous la morsure d’un Wallace aux yeux injectés pour se mêler à la boue. Avant son dernier souffle, elle croit lire de la peur dans ce regard ,comme un dernier appel à l’aide.
— Non ! J’y étais presque…
L’écran est devenu noir et elle soupire. La manette a failli finir par terre. C’est déjà la deuxième fois que s’affiche le message « Try Again ».
— Chérie, tu arrêtes de jouer et tu viens manger maintenant. C’est prêt !
— Oui, j’arrive !
Lequel de ses choix avait été le mauvais ? Aurait-elle dû se méfier de l’inconnu au fusil et visiter le sous-sol dès lors qu’il avait parlé de macchabées ? Y a-t-il un moyen de détruire la télévision hypnotisante ? Est-ce possible d’éviter à James de manger du chevreuil zombifié ? Ou d’éviter à Nola un accident idiot avec la voiture ?
— Tu joues encore à ce truc là, ce…
— C’est un survival, papa.
— Oui, bah je ne suis pas sûr que ça soit de ton âge de toute façon. Et tu ne devrais pas y passer plus d’une heure d’affilée.
Pour que Cossima survive, il faut qu’elle tue Wallace quand elle en a l’occasion. Après manger, elle essaierait ça.
The end.
Je veux ton avis.
Avec quel émotion et dans quel état d’esprit te laisse la fin de Coupés du monde ? Fait ta review en commentaire. L’idée c’est que je sache notamment si ça t’intéresse qu’on recommence l’expérience d’une publication littéraire dans les Papiers Noirs, chapitre par chapitre, de la même façon ou avec une variante… Dis-moi tout !
J’espère que la fin de Coupés du monde t’a plu. Si oui, pense à me laisser un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋
Ah ah trop bien la fin je ne l'ai vraiment pas vue venir, un parfait exemple de twist !
J'aime beaucoup l'idée du feuilleton, ça demande beaucoup de boulot mais c'est très sympa de suivre une histoire quand on est du côté du lecteur. Moi je dis, à refaire !
Et merci pour la mention 🙂