📕 Le digne héritier du roi de l'horreur est...
J'ai pris mon temps pour savourer les 13 nouvelles du Carrousel infernal, je prends mon temps pour te chroniquer ce bijou et te donner envie de le dévorer !
On le tient !
Le digne héritier du dresseur de portraits fictifs aux destins terribles tout droit inspirés de la réalité.
L’élève a-t-il dépassé le maître de l’horreur ? En tout cas, il a quelque chose que le King n’a pas : il écrit une époque que JE vis. Et ça fait toute la différence.
Trump et Obama, Harry Potter et Hunger Games, Britney Spears et le James McAvoy, etc… Autant de références culturelles et actuelles, qui au lieu de m’échapper m’arrachent un souvenir et un sourire (parfois noir ou jaune).
De qui je parle ? De Joe Hill !
Parce que Joe Hill, un des trois enfants des auteur·ices Tabitha et Stephen King, a 47 ans lorsque sont publiées les 13 histoires qui composent Le Carrousel infernal, recueil publié en 2019 dont je vais allégrement te parler aujourd’hui.
Bonne lecture 😄
Je sais, j’ai un jour de retard… Mais il fallait vraiment que je prenne le temps de poser à l’écrit tout ce qui suit et mon cerveau n’était pas prêt avant ce mercredi 24 juillet au soir.
Le top 3
Autant te le dire direct, c’est hyper dur de faire un classement parce que j’ai attribué 8/10 à plus de 9 nouvelles sur les 13 du recueil… Et c’est la première fois que ça m’arrive.
En lisant Le Carrousel infernal, j’ai remis le doigt sur l’intérêt de lire des histoires courtes - et par la même, d’en écrire.
Le roman a ses vertus et la nouvelle en a d’autres auxquelles je suis toujours autant attachée : l’intensité, la densité, la simplicité, la précision dans le flou, la surprise, la manipulation. Et ce qu’il y a de plus imprévisible pour l’auteur·e mais qui est probablement l’enjeu le plus intéressant, c’est l’appropriation et l’interprétation libre du/de la lecteur·ice - surtout de la fin.
3 - La nouvelle adaptée sur Netflix
Pour le meilleur et… pour la surprise !

Becky, accompagnée de son frère jumeau Cal, s’apprête à rencontrer la famille qui compte adopter le bébé dans son ventre à naître dans trois mois. Mais sur le trajet en voiture, ils font un arrêt imprévu dès lors que l’appel au secours d’un enfant perdu dans un champ leur parvient par la vitre ouverte.
Cette intrigue, Joe et Stephen l’ont imaginé en mangeant une galette dans une crêperie. Pourquoi je te donne cette anecdote ? Probablement parce que la Bretagne est PAR-TOUT
Bienvenue Dans les hautes herbes !
Une histoire co-écrite avec son cher papa Stephen King. A ce propos, j’ai pas pu m’empêcher de penser que pour ma part je n’aurai jamais pu écrire de telles horreurs à quatre mains avec l’un de mes parents sans avoir peur qu’iel me juge pour mes idées déviantes. Mais faut dire que mon papa n’est pas connu pour imaginer l’enfer à l’écrit…
Si cette nouvelle m’a plu, c’est d’abord pour sa capacité à me foutre les boules à partir d’un élément pourtant inoffensif : l’herbe. Moque-toi, ouais. Mais entre dans ce champ labyrinthique immense, et c’est la claustrophobie qui t’attend.
Le duo de protagonistes apporte de la légèreté dans cet enfer verdoyant. Leur humour (parfois salace) nous aide à prendre la tournure des événements avec philosophie. Du moins, au début…
On sait bien que ces herbes hautes sont un piège. On le sait avant même d’en avoir entendu parler, parce que l’objectif des King n’a jamais été de nous cacher le tragique, mais plutôt de nous expliquer COMMENT ils vont essayer de briser la fatalité.
A ton avis, comment ? Si tu crois que je vais te le dire… C’est pas mon genre de spoiler. Mon rôle, c’est de t’allécher.
Quant à ce qui m’a le plus marqué dans ces 36 pages, c’est la façon dont les auteurs font progressivement infuser l’horreur dans le récit au point de le rendre violent et malsain. Entre boue et sang, malaise et cadavre, tu n’en sortiras pas indemne.
Si tu doutais que des mots puissent t’insuffler du dégoût, cette nouvelle te donnera tord.
Un petit mot sur son adaptation ciné réalisée la même année par Vincenzo Natali (un habitué de l’imaginaire horrifique entre SF et fantastique)
36 pages écrites en 6 jours → un film de 1h30 ? Comment c’est possible ?
Les scénaristes ont eu la bonne idée d’exploiter les détails de la nouvelle pour créer une histoire étendue à partir de Dans les herbes hautes. A ce propos, c’est franchement génial, surtout l’idée de la boucle temporelle qui n’a même pas été suggérée par Joe et Stephen.
Néanmoins, ça reste un film anecdotique. Divertissant, original, mais pas marquant. Probablement parce qu’il s’affranchit de la noirceur que les King ont privilégié.
Je te laisse avec la bande-annonce.
Le film est toujours sur Netflix, je l’ai vu hier soir !
2 - Quand l’IA nous aura asservi·es !
Parce que Joe joue sans problème avec les codes de la science-fiction, il a imaginé un futur dans lequel les humains seraient complètement assistés par des robots et des technologies loufoques.
Wall-e l’a déjà fait, mais dans une autre mesure.
Iris fête son anniversaire aujourd’hui et elle imagine déjà la super journée : se rendre au sommet de l’Aiguille et voir le soleil au dessus des nuages pour la première fois de sa vie, boire de l’Electrochamp’ et faire la fête avec son nouveau Camoface. C’est beau de rêver…
Dans ce futur, les problèmes socio-économiques ne se sont pas évaporés, ils existent toujours. Il y a les familles qui peuvent se payer un robot de maison pour faire le sale boulot et un masque pour arborer un visage factice, et il y a ceux qui peinent à s’offrir 1h00 des services d’un vieux robot à la rue.
Les humains sont toujours aussi cruels les uns avec les autres, même à l’adolescence. Dans Tout ce qui compte c’est toi, tout ce qui compte en réalité, c’est le paraître. C’est en tout cas la leçon que j’en ai tirée.
Pour le coup, je tiens à soulever deux choses :
la capacité de Joe Hill a créer tout un (petit) univers futuriste avec ses codes, ses repères culturels et sa géographie en 45 pages dans lesquelles on se plonge sans tiquer sur la crédibilité ;
la chute particulièrement abrupte de cette histoire que je n’avais tout simplement pas vue venir.
1 - Une satire des États-Unis
En cette période troublée d’élections présidentielles (à venir) et de conflit mondial, Vous êtes libérés fait flipper.
Une nouvelle multi-focale, c’est bien la première fois que je lis ça ! Ce ne sont pas moins de 9 personnages à travers lesquels nous vivons un probable (mais incertain) crash d’avion au dessus des USA.
Répartis en trois groupes - la business classe, la seconde classe et le cockpit - j’ai eu l’impression de regarder un tableau de la première puissance mondiale. Les riches d’un côté (dont les célébrités pas forcément heureuses par ailleurs), la classe moyenne de l’autre (représentant du melting pot et de la société civile dans sa diversité) et les actifs, ceux qui mène la barque (mais sous les ordres de quelqu’un d’autre) et ont des interactions avec les moins riches.
On ne voit qu’une seule fois via les yeux de chacun de ces 9 personnages. Et c’est surtout les représentants des républicains (la droite en somme) qui en prend pour son grade.
Même si finalement tout le monde est dans le même bateau. Enfin, le même avion… Tu suis ? D’ailleurs, il va peut-être (on ne sait pas) exploser, parce que la Corée du Nord a très envie de déclarer la guerre aux Etats-Unis. Heureusement, Joe Hill ne tombe pas dans le cliché manichéen qui fait des asiatiques les méchants pas beaux et donne sa part de responsabilité à l’Amérique.
La force de cette histoire réside dans la capacité de l’auteur à nous dépeindre des caractères et des opinions de personnages en si peu de lignes, avec si peu de dialogues et dans un huit clos. BRA-VO.
Bonus 💖 Un conte pour adultes
Et ça n’a rien à voir avec le sexe.
« Je parie que c’est la première nouvelle écrite en escalier en guise de paragraphe que vous ayez lue cette année » plaisante Joe Hill dans ses notes de fin.
Je dirais même plus : c’est la seule nouvelle de toute ma (courte) vie de lectrice que je lis une nouvelle écrite en escalier !
Pour marier le fond et la forme, l’auteur a doublement joué avec les mots quand il a écrit Le Diable dans l’escalier.
Quirinus Calvino vient de perdre son père dans un accident tragique. C’est le moment de changer de métier, il se met à transporter le vin d’un riche maure. Mais il n’apprécie guère la façon dont celui-ci convoite Lithodora…
Tu as déjà entendu des histoires de « descentes aux enfers » ? C’est l’expression qu’on emploi pour imager le calvaire graduellement de pire en pire que peut vivre un personnage de fiction (oui parce que sinon je ne me réjoui pas du malheur des vrais personnes). Eh bien cette nouvelle est littéralement une descente aux enfers et l’escalier en est le vecteur en pierre et en terre.
Conté à la première personne du singulier, cette tragédie presque théâtrale m’a moins évoqué l’enfer de Dante que celui de Mussolini… Je ne sais pas si ce sont les dernières élections qui ont joué sur ma perception de la lecture, mais j’ai cru y lire une critique de l’extrême-droite et de son racisme idéologique.
A la manière d’un conte, cette nouvelle distribue des leçons morales a qui voudra bien y songer sur le racisme donc, mais aussi la culture et l’intelligence, et l’amour (ou l’obsession criminelle).
Un quasi sans faute
Je n’ai parlé que de 4 des 13 nouvelles que comporte Le Carrousel infernal, mais il y en a d’autres qui m’ont transporté : Les Retardataires dont le concept fantastique accrocheur est sublimé par un récit touchant, Racines qui joue sur la corde sensible de la thématique familiale et des troubles psychologiques, En direct du cirque de la mort dont la narration satirique est une liste de tweets (je te jure !), Empreinte qui est empreinte d’une brutalité révoltante et Carrousel infernal qui m’a donné l’impression de lire Stephen King.
Certaines ont un véritable intérêt de réflexion comme Faune, même si j’ai eu beaucoup de mal à la lire (j’ignore pourquoi…), une poésie surréaliste intéressante comme Sur les eaux argentées du lac Champlain ou font juste une bonne histoire comme le “remake” de Duel de Spielberg qu’est Plein gaz.
Et puis il y a La gare de Wolverton que je n’ai juste pas comprise…
Je te recommande cette lecture à 100 %, sans crainte de représailles au SAV.
Mon point commun avec Joe Hill
Joe Hill a mis près de 10 ans pour écrire ces histoires - dont la plus vieille date de 2006 - et les réunir dans un seul et même ouvrage. Et ça se sent. Ces 13 histoires ont toutes leur particularité de fond ou de forme, leur propre âme solitaire.
Pourtant, il y a une forme d’harmonie au fil des nouvelles. Comme l’auteur le résume assez bien dans sa note de fin, il s’agit d’un voyage et chaque histoire est un arrêt avant la prochaine étape. A la fin, on en sort… différent·e.
Personnellement, j’en ressors l’esprit vif et le cœur plein d’envie d’écrire à nouveau de courtes histoires. Sans arrêter de te livrer un chapitre de Coupés du monde toutes les deux semaines !
En octobre 2023, j’ai moi aussi publié un recueil de 13 nouvelles (je n’ai pas copié sur Joe Hill, j’ignorais encore l’existence du Carrousel infernal, et c’est pour cette raison que je prend ça pour un signe. Quoi ?).
Moi aussi j’ai mis du cœur dans ces textes variés, entre thriller, science-fiction, horreur et fantastique. Moi aussi j’ai mis des années à les écrire et à les rassembler dans un livre.
Aujourd’hui, ce livre il est à ta portée et c’est une immense joie pour moi de te le partager comme un voyage en 13 étapes.
Tu peux te procurer 13 Effrois
Et tu peux recevoir ton broché avec une dédicace et un marque-page si tu me le demandes par mail ou en commentaire. Je t’enverrai ton exemplaire moi-même via Mondial Relay 😉
J’espère que cette newsletter sur Le Carrousel infernal t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋