⚠️Roman trash | Le Young Adult | Lis Cornes
En quoi "Outrage" de Maryssa Rachel est un roman trash et dangereux, pourquoi je n'écrirai jamais de Young Adult et en exclusivité un extrait de ma nouvelle noire comme l'amour "Cornes".
Le roman le plus trash que j’ai jamais lu…
L’outrage est une offense, une insulte que l’on fait à quelqu’un. Il est malintentionné, il est volontairement malveillant. C’est un manque de respect qui cause des dommages, parfois irréversibles.
Cette définition, tu la connaissais sans doute, c’est la plus commune.
Mais savais tu qu’un outrage pouvait aussi être un acte sexuel imposé à une femme ? En moins enrobé : un viol.
Maintenant que j’ai posé les bases du sujet que je vais aborder, si tu n’as pas envie de lire cet article à propos d’Outrage un roman de Maryssa Rachel, tu peux directement passer à l’article suivant, je ne t’en voudrais pas du tout.
⚠️ Trigger Warning ⚠️ (si ça n’était pas clair)
Outrage porte terriblement bien son titre. Pourtant, je ne m’attendais pas à ça en commençant la lecture.
Voici ce qui m’a attiré chez lui : une couverture métaphorique, un ton décalé, un sujet érotico-libéré et des premières pages au style épuré. Puis le fait que l’auteur, soit une autrice.
Rose est une femme libre, indépendante, torturée, traumatisée, elle s’est forgée une carapace. Elle fuit l’amour par peur de l’attachement. […] Mais lorsqu’elle tombe amoureuse d’Alex, un artiste paumé, un je-m’en-foutiste tout aussi névrosé qu’elle, Rose va vivre une passion destructrice […]
J’ai pensé à un roman féministe à la première personne sur une femme maîtresse de ses choix. Rose vit dans un couple non-exclusif avec une femme et fait ce qu’elle veut de sa vie, de son cul. Ca avait l’air révolutionnaire ! Non ?
J’ai chuté de mon immeuble d’attente sur le sol du choc.
En moins métaphorique, voici ce qui s’est produit. Je lisais les premières page à ma compagne. Tout se passait bien, jusqu’à ce que je sente le sujet sensible arriver. Avant que les mots ne sortent de ma bouche, je me suis empêchée de les lire tellement je les ai trouvés déplacés. L’idée de les dire à haute voix me répugnait. Alors j’ai continué dans ma tête, outrée.
La description d’un viol. Plus précisément, d’un acte de pédophilie. Encore plus précisément, d’un inceste.
Attention, j’ai déjà lu ça. Je te rappelle que je suis adepte des romans horrifiques et des récits noirs et trash ?
Le problème n’est pas la scène d’inceste. C’est un acte malheureusement réel, fréquent, et il faut en parler. Mais c’est la façon dont il est traité.
Attention Spoiler : Dans Jessie de Stephen King, la narratrice, Jessie, est inconsciemment sous l’emprise d’un acte subit dans l’enfance qu’elle a refoulé toute sa vie et qui a des conséquences néfastes sur sa sexualité dans son couple bien rangé. Alors qu’elle est en danger, son traumatisme remonte à la surface et elle réalise qu’on lui a fait du mal, qu’elle a été victime et qu’elle en souffre encore aujourd’hui. L’écriture est poignante, difficile, réaliste, touchante… Elle ne blesse personne.
Dans Outrage, la narratrice, qui n’est autre que Rose (protagoniste), raconte ce souvenir avec son recul d’adulte de la manière la plus perverse et choquante qui soit.
Je vous montre (un peu)
J’avais sept ou huit ans. […] Je portais la petite chemise de nuit rose et la petite culotte de coton blanc. J’attendais comme la femme attend l’amant ; le corps frissonnant sous l’excitation, l’esprit rempli d’obscénités, le regard lubrique, la bouche toujours entrouverte et humide, humide comme mon sexe qui s’ouvrait à la simple évocation du Père. (p. 21)
Inutile de vous en copier plus. Bien que la suite soit encore plus crue, vous avez pigé l’idée. Selon elle, Rose ne s’est pas faite violée par son père, elle a couché avec lui.
Néanmoins, allons au bout des choses ! La grande différence entre Jessie et Rose, c’est qu’elles ne sont pas les mêmes.
Jessie a refoulé l’inceste que son père lui a fait subir et a construit un foyer par dessus cette maltraitance en espérant y trouver refuge. Elle a développé un système de défense : ces voix qui lui parlent et lui dictent quoi faire. Elle a occulté la vérité.
Rose a trouvé le réconfort dans la débauche et le sexe, mais aussi la liberté. Elle a trouvé une compagne, S, qui lui a ouvert l’esprit. Mais son esprit est détraqué… Elle ne voit pas le mal dans ce qu’on lui (a) fait subir : les violences physiques et sexuelles, les insultes, la domination, l’enfermement, etc.
Elle pense :
J’ai connu la jouissance, petite fille, par la main des adultes… (p. 67)
Alors que qu’à sept ou huit ans, personne n’est consentant. Difficile de concevoir que la petite Rose ait pu ressentir de l’excitation et du plaisir face à son père ou à la surveillante de la pension.
C’est en cela que ce roman est problématique. Il peut parler d’un traumatisme violent lié à l’inceste, et il peut le faire à travers un esprit dérangé et traumatisé, évidement ! Mais il ne peut pas le faire sans prévenir les lecteur·ices.
En prenant le livre, j’ai cru acheter un thriller érotique qui sortait des codes. La couverture laissait présager quelque chose de sensuel, pas forcément de déviant ! Le “A réserver aux adultes” n’est pas assez explicite. Et je ne peux m’empêcher de penser qu’une victime d’inceste, de viol ou de relation toxique peut souffrir de lire un récit aussi trash qu’Outrage.
D’ailleurs, j’ai lu des commentaires en ce sens sur des forums de lecture. Ce roman a fait un mini bad buzz. Personnellement, je peux supporter ce genre de récit, étant donné que j’ai supporté des snuff movie, mais c’est loin d’être le cas de tout le monde.
Et tout ça, c’est sans compter le récit et le style d’écriture dont je vous parlerai probablement sur Instagram via un “avis litté” quand je l’aurai terminé (si je le termine).
La Young Adult cartonne mais je n’en écris pas
Le Young Adult est à la “mode”. Pourtant je n’en écrirai probablement jamais.
Attend. C’est quoi les romans Young Adult déjà ?
Eh bien, contrairement à ce qu’on pense, ce n’est pas un genre littéraire. C’est une catégorie marketing. Elle a été créée pour cibler des lecteurs, notamment en fonction de son âge.
Le Young Adult s’adresse majoritairement à celleux qui aiment suivre des protagonistes de 16 à 25 ans, en pleine transition vers l’âge adulte, donc.
Ce secteur de la littérature se porte à merveille ! Il se vend comme des petits pains, parce qu’il est lu par les ado, les jeunes adultes et aussi les adultes ; parce qu’il questionne l’actualité et met sur la table des thématiques universelles comme la sexualité, le genre, les enjeux environnementaux et climatiques, les discriminations… ; parce qu’il peut s’inscrire dans divers genres de la fantasy à l’historique en passant par la romance ou la dystopie.
Il se vend beaucoup, donc il est beaucoup lu. Et parfois, je me sens entourée d’auteur·es de Young Adult.
Mais moi, je n’en écrirai pas.
D’abord, parce que je n’en lis pas. Et un auteur est avant tout un lecteur. Le fait est que je ne maîtrise pas les codes de cette littérature. Je me planterai assurément en essayant maintenant.
Cécile Duquenne dit que le Young Adult comporte rarement un langage poétique, soutenu ou formel ; que sa tonalité est plutôt franche, entière et moins subtile qu’un roman adressé uniquement à des adultes.
Or moi, j’adule la subtilité, les images, les sous-entendus, le mystère des non-dits, les références cachées, l’ironie équivoque. Moi j’aime pouvoir utiliser un langage plus écrit que parlé, plus soutenu que familier, sans en perde la proximité.
Sans compter que j’aborde des thèmes de l’âge adulte, qui peuvent être durs, froids, brutaux. Et pour le faire, je fais appel à des notions qui ne seraient probablement pas accessibles aux adultes en devenir.
Tant pis si l’horreur et le fantastique se vendent moins.
Je veux écrire pour la niche des gens qui, comme moi, aiment se confronter à des sujets difficiles, à des peurs, des angoisses et à de la crasse, des situations tragiques ou terribles.
J’écris des récits cathartique de vengeance, de trahison et de violence, pour toi qui cherche à évacuer tes émotions, tes frustrations, cts douleurs et tes tristesses.
Je ne dénigre pas le Young Adult pour autant !
J’ai admiré le courage de Katniss Everdeen devant la caméra de Gary Ross puis de Francis Lawrence. J’ai pleuré devant les choix difficiles qu’à fait Tris dans le Divergente de Neil Burger. J’ai été transportée dans l’univiers dytopique du Labyrinthe de Wes Ball.
Mais vous l’avez remarqué, je n’ai pas lues ces histoires, je les ai regardées. Mis à part la saga Harry Potter - passée de littérature jeunesse à oeuvre Young Adult à partir du Tome 4 probablement - je n’ai jamais lu de Young Adult. Donc je n’en écris pas.
C’est aussi simple que ça.
Mais je compte sur toi pour ouvrir mes horizons de lecture. Si tu devais me recommander une lecture Young Adult, laquelle ce serait et pourquoi ? J’attends ton commentaire tout en bas 😉
Tu peux lire ma nouvelle, elle s’appelle Cornes
Sur un coup de tête, j’ai décidé de participer à un concours de nouvelles.
Un weekend, j’ai eu une idée, fugace et fulgurante. Je n’ai pas pu la laisser sombrer dans les méandres de l’oubli. Je l’ai tout de suite structurée en histoire.
Un récit “noir comme l’amour” (référence au recueil de nouvelles ainsi intitulé).
Une de mes thématiques de prédilection : le couple, les relations sentimentales et les conséquences néfastes qui peuvent en découler.
En quelques heures, j’ai commencé à écrire cette histoire, selon le plan que j’avais esquissé. Après l’élan de vitesse, mon envie de tout cracher s’est un peu essoufflée.
Puis, l’annonce de Librinova est passée sous mes doigts scrollant le fil Instagram. Un concours de nouvelles avec pour seules contraintes la longueur (12 000 à 16 000 caractères espaces comprises) et la première phrase : “Elle a dix ans.”
Alors, j’ai repris l’écriture de ma nouvelle en cours. Je l’ai terminée, mon plan ayant légèrement bifurqué. La fin s’est créée d’elle-même, comme une évidence en tapant sur le clavier. Et j’ai décidé que cette nouvelle pouvait bien commencer par la phrase imposée du concours. J’ai décidé que “Elle”, celle qui a dix ans donc, serait la relation entre deux adultes.
Relecture rapide, retravail succin. Et hop, beta-lecture de Julie (merci Julie, vraiment).
J’ai publié Cornes, sur le site dédié.
Ce titre, il s’est imposé à moi. Il est volontairement un clin d’oeil à un de mes romans préféré, écrit par Joe Hill. Et il a surtout une double signification qui ne prendra du sens qu’une fois que vous aurez terminé la lecture.
Voici ce que ChatGPT pense de mon idée de titre (j’ai enlevé ce qui spoil la chute) :
Ce titre est symbolique et mystérieux. L’utiliser pourrait intriguer les lecteurs et les inciter à se demander pourquoi le mot "cornes" est choisi, tout en maintenant une certaine ambivalence à propos de l'intrigue.
Un aperçu ? Voici le début de ma nouvelle, en exclusivité ! Pour lire la suite, il te faudra créer un compte (tu pourras lire gratuitement toutes les participations 😉)
Elle a dix ans. Notre relation. Elle et moi, ça fait déjà dix ans qu’on s’aime.
Depuis l’encadrement de la porte, je la contemple et je devine mon sourire niais. Elle tourne sur elle-même devant le miroir. Elle se demande si son pantalon vert, qui lui tombe en bas des chevilles, fait des plis indésirables sur ses fesses. En se voyant de profil, elle est sceptique.
— Tu es magnifique.
— Tu trouves ? J’hésite avec l’autre haut, le rouge.
Une pile de vêtements est entassée sur la chaise en osier. Ce n’est pas son premier essai. A l’arrivée des beaux jours, elle a ressorti des pépites de sa garde-robe. Je ne les avais pas vues depuis si longtemps que je les avais presque oubliées.
— Celui que tu portes va très bien aussi.
Je sais que je ne lui suis jamais d’une grande aide. Chaque fois qu’elle me demande mon avis, j’ai tendance à botter en touche, parce qu’à mes yeux, quoiqu’elle porte, elle est parfaite.
— N’oublie pas ton café, il va refroidir.
Je la laisse à son casse-tête. Quelque chose me dit qu’elle choisira le haut rouge. Son esprit adore me contredire.
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