Black Mirror n'est pas une prédiction
Black Mirror est l'écran noir qui se fait miroir de notre société actuelle. Et la 7eme saison de la série de science-fiction vient de sortir ! Je t'en parle.
Chair lecteur·ice 😈
Souhaitons la bienvenue à Maude dans l’enfer de cette 73e édition des Papiers Noirs à l’Encre Rouge.
Dans ces Papiers Noirs tu trouveras de quoi (re)découvrir des pépites littéraires et cinématographiques entre thriller, fantastique, horreur et science-fiction. Par le prisme de l’écriture, de la lecture et de l’actualité, c’est sang pour sang '“mauvais” genres.
Bonne lecture !
🔪En un coup de couteau
Je t’explique mon affection pour la dystopie
Je te recommande 3 épisodes de la série Black Mirror
Toi en noir et rouge
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Merci pour tes réponses, c’est précieux !
Pourquoi j’ai une affection particulière pour la dystopie ?
Parce que c’est la science-fiction par le prisme du pessimisme et parce que c’est la démonstration la plus évidente du fait que la littérature est politique.
La dystopie, c’est l’extrapolation d’une réalité technologique dans un avenir plus ou moins proche.
On part du réel, par exemple, la pub omniprésente dans notre quotidien (à la télé, dans la rue, sur les réseaux sociaux…) et on l’exagère en la mettant carrément dans la bouche des gens. Puis on y place des personnages dont on va pouvoir pousser à l’extrême les émotions profondément humaines et universelles comme l’est l’amour : qui ne serait pas prêt·e à écouter sa moitié débiter des messages marketing en plein milieu d’un acte charnel pour lui éviter la mort et ainsi nous éviter le deuil ? Personnellement, j’aurai aussi essayé cette option.
Ca ressemble très fortement à une histoire d’horreur, n’est-ce pas ? Pas de sang, pas d’effroi, et pourtant, en tant que spectateur·ice on ressent au moins un peu d’angoisse, de la colère, de la honte… Des sentiments qu’on peut facilement éprouver face à une œuvre horrifique.
La saison 7 de Black Mirror est sortie sur Netflix le 12 avril 2025 et c’est à nouveau un petit phénomène.
Peut-être qu’on en parle pas autant qu’Adolescence, la soi-disant “bombe britannique”. Loin d’un récit de science-fiction, elle l’est presque pour la génération des boomers qui sont perdus quand on leur parle avec le langage de l’écosystème destructeur des réseaux sociaux grands ouverts aux fascisme à la mode, au masculinisme décomplexé, et à tout un tas de discriminations assumées.
Pourquoi on parle moins de Black Mirror : l’écran noir qui se fait miroir de la société ? Peut-être parce que depuis la saison 3 sortie en automne 2016, la série a changé de producteur et de diffuseur. Elle est passée de Channel à Netflix, ce qui explique aussi qu’elle est passée de 3 épisodes par saison à 6, et ce n’est pas forcément pour le meilleur…
Mes préférences à moi !
Black Mirror étant chère à mon coeur (j’ai vu certains épisode 3 fois), j’ai l’intention de te partager trois épisodes qui m’on marquée, toutes saisons confondues.
Crocodile (Saison 4)
Suite à un accident entre entre un piéton et un camion-drone livreur de pizzas, Mia, architecte renommée est contactée par la compagnie d’assurance missionnée pour enquêter. L’assurance compte utiliser son remémorateur sur elle pour tirer ses conclusions quant à la responsabilité de l’accident. Mais Mia a des choses terribles à cacher au remémorateur…
Cet épisode explore les conséquences de la culpabilité.
Face à un acte répréhensible de notre fait, lorsqu’on se sent coupable, il y a deux façons de réagir :
Se faire bouffer par ce sentiment persistant jusqu’à craquer et chercher à racheter sa faute quel qu’en soit le prix tant que ça peut nous libérer de ce poids.
S’enfoncer dans la noirceur, potentiellement le mensonge et empirer la situation en pensant sauver sa peau pour de bon alors que ça ne sera que de courte durée.
Et dans cet épisode, les deux sont explorées.
Évidemment, il y a aussi un questionnement éthique sur la technologie invasive du remémorateur qui permet, pour le dire vulgairement, de violer l’intimité de n’importe quoi en hackant ses souvenirs visuels (ne croit pas que tu pourras cacher le visionnage d’un film X à la compagnie d’assurance qui enquête sur l’accident de drône en tout cas). C’est tordu ! Mais c’est aussi efficace. En fait, c’est à peu près la même problématique que concernant la mise en place d’un réseau de caméras de surveillance à reconnaissance faciale dans les rues… Le remémorateur peut sauver des vies comme il peut en détruire.
Bientôt de retour (Saison 2)
Martha et Ash ont récemment emménagé dans la maison de campagne où les parents de ce dernier vivaient. Mais le lendemain, Ash meurt dans un accident de voiture alors qu’il ramenait la camionnette de déménagement. Aux funérailles, Martha apprend par une de ses amies qu'il est possible de rester en contact avec un défunt.
J’en parlais dans la première partie de cette newsletter. Cet épisode, en plus de mettre au cœur de son récit le deuil d’un être cher avec qui on se voyait créer tout un avenir, s’appui sur un sentiment universel : l’amour.
Martha est dévastée. Seule dans cette maison où elle devait fonder un foyer avec Ash, elle cède à la tentation de faire revenir celui qu’elle aime d’entre les morts grâce à une technologie expérimentale dont l’éthique est douteuse qui exploite les données privées de Ash sur internet.
Sans Intelligence Artificielle, pas de résurrection de Ash. Mais est-ce bien souhaitable ? Entre joie et malaise, votre cœur balance…
C’est encore une fois notre volonté de reculer la mort le plus loin possible, d’éviter la période de deuil, voire de tromper la mort, de l’anéantir, qui nous fait créer des outils terribles. Parce que les humains ne sont pas fait pour être éternels. La souffrance fait partie des épreuves de la vie. Faut-il les accepter ?
Hôtel Rêverie (Saison 7)
Brandy, star américaine du cinéma, rêve de jouer le premier rôle d’une véritable romance. Alors quand un studio de production en faillite lui propose de prendre la place du lover dans le remake d'un film classique des année 40, elle fonce ! Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’on va l’envoyer dans une autre dimension à travers un procédé high-tech révolutionnaire mais pas très au point…
J’ai vu cet épisode lundi et c’est tout bonnement le meilleur que j’ai jamais vu.
A la manière d’Abstergo qui envoi Desmond Miles dans le passé de ses ancêtres à travers l’Animus qui peut lire l’ADN, la société ReDream place Brandy Friday dans sa machine à voyager dans les vieux films pour les rebooter à la sauce Intelligence Artificielle.
Evidemment, ça questionne la place de l’IA dans le cinéma, après les grèves des acteur·ices et scénaristes américain en 2024 et le coup de gueule des comédien de doublage en France contre ces avancées technologiques qui volent des emplois, créer à bas coup et tuent l’art.
Mais je crois que c’est aussi un énorme doigt d’honneur aux idées d’extrême-droite qui traite de “woke” tout ce qui est inclusif (et donc contemporain : les femmes, l’homosexualité, les noires…etc) dans le cinéma, et un gros fuck à toute la pseudo-critique cinéphile qui traine le reboot de Blanche Neige dans la boue sans avoir vu le film.
Vraiment, j’ai trouvé que le récit de cet épisode était d’une intelligence jouissive et d’une émotion palpable comme ça n’avait pas été fait depuis longtemps. Et j’ai autant adoré l’esthétisme et le cadrage que l’originalité du scénario ou le jeu des actrices tantôt drôles tantôt bouleversantes.
Pour en revenir au début
Le créateur de Black Mirror se réjouit d’entendre parler de sa série comme d’un stimulateur d’angoisse pour l’avenir.
« Est-ce que Black Mirror pourrait exister dans la vraie vie ? La série est-elle réaliste ? Voilà les questions que l'on se pose généralement après avoir vu l'un des épisodes angoissants de la série Netflix. »
Mais depuis quand attendons-nous d’une oeuvre de fiction, qui plus est d’imaginaire, qu’elle soit vérifiable, voire qu’elle puisse avoir lieu ? Est-ce qu’on a vraiment besoin de ça pour flipper, pleurer ou rager devant une dystopie ?
Non ! Heureusement.
Seulement, j’ai comme l’impression que c’est une préoccupation des spectateur·ices obnubilé·es par les oeuvres “tirées de faits réels”
[ref à ma newsletter is Coming]
Or, la dystopie n’est pas la pour dresser des futurs non-souhaitables tout en hurlant qu’ils vont se réaliser. Elle est là pour pointer du doigt les dysfonctionnement humains et sociétaux, pour les questionner, les remettre en cause en les exagérant, en les tordant sans les déformer.
Mais la dystopie n’est pas nécessairement une alerte. C’est aussi tout simplement une expression artistique de la littérature, qui existe pour divertir autant que pour refléter un monde et une époque.
Bref. J’aurai aimé te parler d’autres épisodes qui m’ont marquée pour longtemps parce qu’ils font appel à mes peurs profondes ou parce qu’ils sont audacieux. Peut-être une prochaine fois ?
Tes cadeaux pour te remercier de partager “Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge”
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J’espère que cette newsletter sur Black Mirror t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋