đ©ž Il a besoin de sang pour vivre, mais ne lui faites pas de mal
La dépression et la différence sont des sujets fréquemment mis en fiction dans le cinéma de genre. Dans ma sélection de la semaine, je t'en partage 2 dont un qui vient de sortir au cinéma !
La frĂ©quence de cette newsletter est Ă lâimage de ma vie en ce moment : spontanĂ©e, changeante, un peu dĂ©sordonnĂ©e peut-ĂȘtre ?
Pourtant, Les Papiers Noirs Ă lâEncre Rouge compte 51 abonnĂ©s aujourdâhui !
Câest super que la petite communautĂ© ai passĂ© ce cap. Merci aux 5 dernie·res dâavoir osĂ© prendre la pilule bleue.
Bon, jâai conscience quâen te posant un lapin le mercredi matin trois fois de suite, tu risques de me mettre un rĂąteau. Ca nâest pas en me pointant sans prĂ©venir dans ta boite mail un vendredi, un samedi voire un dimanche (nâoublie pas dâaller voter si ça nâest pas fait !) que tu vas rester accroché·e Ă ma newsletter, mĂȘme si je te donne de quoi satisfaire ton intĂ©rĂȘt et ta curiositĂ© pour les mauvais genres.
Mais reste, au moins pour cette fois. Jâai 3 films de genre Ă te conseiller, dont un qui est sorti mercredi au cinĂ©ma !
Bonne lecture đ
Il faut que tu vois ce film fantastique franco-belge !
Le 7 juin, on Ă©tait seule devant lâĂ©cran gĂ©ant de la salle 7 du CinĂ©ville de Vannes.
En attendant la nuit venait pourtant de sortir au cinĂ©ma. Un vendredi soir, je ne mâattendais pas Ă ce que les siĂšges soient vides quand on est arrivĂ© 10 minutes avant que ça commence. Le confort ULTIME.
PhilĂ©mon est un adolescent pas comme les autres : pour survivre, il a besoin de sang humain. Dans la banlieue pavillonnaire un peu trop tranquille oĂč il emmĂ©nage avec sa famille, il fait tout pour se fondre dans le dĂ©cor. Jusqu'au jour oĂč il tombe amoureux de sa voisine Camila et attire lâattention sur euxâŠ
Ecran noir et hurlements de femmes en peine.
« Elle accouche », me dit ma compagne de visionnage dÚs les premiÚres secondes.
La scĂšne dâintro me rappelle celle de Le Parfum, histoire d'un meurtrier (Tom Tykwer, 2006) : PhilĂ©mon, petit dĂ©mon au visage dâange, nait, et lâon sait dĂ©jĂ quâil est un monstre.
Mais lâinstinct maternel est plus fort que tout. Au lieu de rejeter son rejeton, elle le kidnappe Ă la maternitĂ© pour lui offrir une vie, la plus ânormaleâ possible, mĂȘme sâil lui a arrachĂ© le tĂ©ton pour se nourrir de son sang, aprĂšs avoir rechignĂ© Ă boire son lait.
PhĂ©limon a 17 ans, il est aux portes dâune nouvelle phase de sa vie.
Sa mÚre se saignant littéralement pour le maintenir en vie à coup de perfusions journaliÚres, elle est usée. Il est temps de déménager pour changer de plan.
Un film fantastique franco-belge sur fond de vampirisme. Il nâen fallait pas plus pour attirer mon attention. Ce nâest pas par patriotisme, mais le cinĂ©ma de genre par chez nous a prouvĂ© quâil en valait le coup depuis la morsure de Julia Ducourneau avec Grave (2017).
Bravo Julia ! Tu voulais nous attendrir, faire de nous des complices du mal des hommes et tu nous as bien eu... Faut dire qu'on ne peut résister à Justine, la gentille et bonne élÚve de la famille française faussement banale. Son apparente innocence, son apparence enfantine nous ont trompés et nous voilà coupables ! Nous avons beau ne pas avoir goûté à ce rein de lapin cru, nous sommes tout autant contaminés.
Extrait de ma critique de Grave
Câest le premier long mĂ©trage de CĂ©line Rouzet (encore une femme, dĂ©cidĂ©ment elles savent y faire !) et il a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© du Prix du Jury Ă Gerardmer.
Jâai perçu En attendant la nuit comme une mĂ©taphore filĂ©e du passage Ă lâĂąge adulte avec la dĂ©couverte fracassante de lâamour et de la sexualitĂ©.
PhilĂ©mon nâa plus envie de se cacher derriĂšre les rideaux tirĂ©s de sa chambre, il ne veut plus sauter dâombre en ombre et il en a marre de passer pour un illuminĂ©. Alors il sâĂ©mancipe du quotidien bien rodĂ©, Ă ses risques et pĂ©rils.
Empreint dâun Ă©rotisme pudique, le film a quelque chose de magnĂ©tique. Tu te souviens de tes premiers Ă©mois ? Il a le pouvoir de te ramener en arriĂšre pour les revivre avec une certaine nostalgie.
PhilĂ©mon expĂ©rimente un dĂ©but dâobsession quand Camilla, sa voisine, sâintĂ©resse sĂ©rieusement et subtilement Ă lui. Le gars un peu bizarre, mais sacrĂ©ment mystĂ©rieux (un peu menteur sur les bords, hein, mais comment le lui reprocherâŠ) a tapĂ© dans lâĆil de la dĂ©jĂ courtisĂ©e jeune villageoise.
Et comme la crĂ©ature de Frankenstein, il risque de se mordre les doigts dâavoir Ă©tĂ© crĂ©Ă©. Parce que vivre, câest aussi souffrir, surtout quand on est diffĂ©rent (et amoureux). Nâest-ce pas ce quâon a plus ou moins tou·tes vĂ©cu Ă lâadolescence ?
Points forts du film :
La bande son Ă la fois discrĂšte et particuliĂšrement pertinente
Lâeffet intemporel laissĂ© par le manque dâinformation sur le lieu (ça se passe Ă la montagne, câest tout) et lâĂ©poque (mais on a le droit de fumer dans les lieux publics, plutĂŽt indicateur)
La photographie qui donne des envies de vacances et dâĂ©vasion, dans des paysages magnifiques de France !
Si tu ne sais pas quoi voir au cinĂ©ma, je te recommande vraiment de prendre ta place pour En attendant le nuit auquel jâai facilement lĂąchĂ© un 8/10.
Jâai vu ces 2 films sur Shadowz
Beaten to death de Sam Curtain (2022)
Une mauvaise dĂ©cision pousse Jack dans un engrenage dâhorreurs et de souffrances. Il va devoir lutter contre un homme enragĂ©, le dĂ©sert aride et sa propre folie pour tenter de survivre.
Mini casting pour maxi torture.
Parce que oui, tu as lĂ 1h33 de sĂ©vices corporels, quasi exclusivement subies par le protagoniste. De la violence, du sang, des viscĂšres, Ă faire gargouiller ton ventre creux. Tu veux du gore et du sale ? Tu ne devrais pas ĂȘtre déçu·e.
En revanche pour ce qui est du rĂ©cit⊠Jâavoue quâon se fait un peu chier.
Avec un scénario de court-métrage, peut-on faire un film digne de ce nom ? Je te pose la question.
Dans un sens oui, si lâobjectif est de dĂ©livrer une message, Beaten to death le fait. â Pas dâaction sans effet.
Il me semble que Jack nâa pas bien rĂ©flĂ©chi avant de sâenfoncer dans la campagne australienne pour, apparemment, rĂ©soudre un problĂšme. CâĂ©tait pourtant Ă prĂ©voir.
Et puis, la seule dĂ©ambulation de la proie dâun vengeur sadique dans le dĂ©sert australien peut faire un film. Nâest-ce pas un peu lâidĂ©e de Revenge notamment ?
Sauf que Beaten to death est moins riche en rebondissement que ces collÚgue survival. Il nous tient en haleine avec un mystÚre : pourquoi diable Jack et sa compagne se sont enterrés là -bas ?
Et la rĂ©vĂ©lation est mĂ©diocre, Ă tâarracher un âSĂ©rieux ?â
Ce qui est Ă jeter :
Les clichĂ©s sur les paysans australiens qui dĂ©testent les bobo de la ville et les Ă©trangers, avec un accent de redneck qui prĂȘte Ă sourire. A moins que ce quâon lise sur Reddit soit vrai, câest too much âŹïž
Rural Queenslanders are the closest thing to 'rednecks' you'll find in Australia. They work the land, dislike foreigners and sound like Steve Irwin.
La famille de déséquilibrés qui saisit la moindre perche pour casser des bouches et enfoncer des boites crùniennes
Ce que je garde :
LâesthĂ©tique lĂ©chĂ©e de certains plans quasi majestueux ou juste originaux sans ĂȘtre forcĂ©ment une mĂ©taphore
Le jeu dâacteur de la victime des 400 coups lors des scĂšne de violence. On sây croirait.
Pour rĂ©sumer, Jack en prend plein la gueule tout le long du mĂ©trage et on ne sait pour ainsi dire rien de ce qui lâa menĂ© dans cette merde. Parce que la chronologie du film nâest pas linĂ©aire, on comprend au fur et Ă mesure des flash back pourquoi il a dĂ©cidĂ© de se paumer avec sa nana dans le trou du cul des bouseux.
Je suis bien placĂ© pour savoir que rĂ©flĂ©chir avant dâagir, poser les pour et les contre avant de prendre une dĂ©cision, est requis si on veut faire les choses bien. Sinon, il faudra en payer les consĂ©quence, il faudra assumer.
Samhain de Kate Dolan (2022)
Disclaimer : la rĂ©alisatrice nâest pas de la famille de Xavier Dolan, câest une irlandaise.
Dans un lotissement du nord de Dublin, la mĂšre de Charlotte disparaĂźt peu avant Halloween. Lorsqu'elle revient chez elle sans explication le soir suivant, Charlotte et sa grand-mĂšre comprennent que quelque chose ne va pas. Elle a beau avoir la mĂȘme apparence et la mĂȘme voix, le comportement d'Angela est de plus en plus effrayant, comme si elle avait Ă©tĂ©... "remplacĂ©e".
Dans les pays celtes, le soir du 31 octobre et sur plusieurs jours on fĂȘtait le passage de la saison claire Ă la saison sombre, notamment en faisant des feux de joie.
Ca te rappelle pas un truc ? Câest probablement ce qui est aujourdâhui connu comme Halloween (son ancĂȘtre donc).
Il y a deux semaines, tu as peut-ĂȘtre offert un bouquet de fleurs Ă ta maman pour lui dire que tu lâaimes. CâĂ©tait la fĂȘte des mĂšres, tâaurais marquĂ© le coup.
Charlotte nâa sĂ»rement pas fait de cadeau Ă Angela. Pas parce quâelle a disparu, ni parce quâelle est dĂ©pressive. PlutĂŽt parce quâelle est devenue trĂšs trĂšs Ă©trangeâŠ
Au dĂ©but, jâai pensĂ© quâAngela Ă©tait incomprise. Elle reste cloĂźtrĂ©e dans sa chambre, dans le noir, sous la couette et on a lâair de le lui reprocher. Mais elle a besoin dâaide cette femme, pas dâĂȘtre jugĂ©e ou bousculĂ©e.
Mais Samhain fait un subtil mĂ©lange entre maladie mentale et possession dĂ©moniaque. Entre mal surnaturel et persĂ©cution humaine. Jâaime particuliĂšrement les visions nuancĂ©es qui ne rejettent pas uniquement la faute sur le diable (La jâenvoi une pique Ă Insidious 4 dont la rĂ©vĂ©lation finale mâa carrĂ©ment déçue, je tâen parlais dans cette newsletter) [lien].
Ce qui est Ă jeter :
Le surnom pourri dont est affublée Charlotte tout le long du film : Char.
Le manque de contexte sur la famille dont le seul homme, le frĂšre dâAngela, est accessoire, quasiment inutile.
Un affrontement final un peu too much et trop facile, selon moi.
Ce que je garde :
La représentation élargie des femmes : mÚre dépressive, grand-mÚre forte, petite-fille harcelée, amie queer, etc.
Les personnages creusés, de maniÚre générale.
Le traitement rĂ©aliste de la dĂ©pression Ă travers le personnage dâAngela.
Finalement, Samhain a beau avoir reçu le Prix du Jury Ă Gerardmer 2022, je nâai pas envie de filer plus de 6/10. Mais je ne regrette pas de lâavoir vu, pas du tout !
Avant de partir, jâai une question pour toi.
Et si tu complĂ©tais ce sondage en me disant ce que tu es allé·e voir au cinĂ©ma depuis le dĂ©but de lâannĂ©e ? Ca pourrait me donner des idĂ©es⊠Perso, jây suis trop peu allĂ©e pour le moment, mais je compte y remĂ©dier !
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A bientĂŽt đ
Alors moi depuis de dĂ©but de l'annĂ©e je ne suis pas trop allĂ©e au cinĂ©ma, j'ai juste vu Pauvres CrĂ©atures de Lanthimos et Le DeuxiĂšme Acte de Dupieux. J'ai bien apprĂ©ciĂ© les 2, mĂȘme si le genre est totalement diffĂ©rent.
Par contre, jamais je pourrais regarder Beaten to Death, je pense que je tombe dans les pommes au bout de une minute đ