A partir de quand on est auteurice ?
A travers mon rapport à l'écriture et mon parcours, je te donne ma réponse à cette question (éternellement) débattue.
Chair lecteur·ice 😈
Souhaitons la bienvenue à JF et
, dans l’enfer de cette 77e édition des Papiers Noirs à l’Encre Rouge.Dans ces Papiers Noirs tu trouveras de quoi (re)découvrir des pépites littéraires et cinématographiques entre thriller, fantastique, horreur et science-fiction. Par le prisme de l’écriture, de la lecture et de l’actualité, c’est sang pour sang '“mauvais” genres.
Bonne lecture !
🔪En un coup de couteau
Mes premiers pas dans l’écriture
La découverte des fanfictions
Les concours d’écriture sur HPF
A quoi sait-on que l’on est auteur·ice ?
C’est une vraie question qui fait encore débat parce que tout le monde à un avis variable sur le sujet.
C’est étrange pourtant parce que le terme “auteur·ice” désigne une personne à l’origine d’un acte, d’une œuvre, d’une invention, etc. C’est quasiment un synonyme de créateur·ice finalement, mis à part qu’on sent la notion d’appartenance dans auteur·ice (d’où les droits perçus par la personne ayant réalisé une œuvre lorsque celle-ci est exploitée et commercialisée).
A partir de cette simple définition, est auteur·ice toute personne qui aligne des mots les uns devants les autres pour mettre en récit des personnages et des intrigues.
Mes débuts dans l’écriture : copieuse à temps plein
Pourtant, j’aurai du mal à dire que quand je romançais Harry Potter sur des cahiers d’écoles 21 x 29,7 cm à grand carreaux, j’étais auteure. Romancer, ce n’est pas simplement idéaliser ta rencontre avec ton âme sœur en la racontant comme si t’avais vécu dans les Feux de l’Amour, c’est aussi “mettre en forme de roman”.
J’avais 13 ans et même si mon intention de Potterhead était louable (ou étrange, c’est selon), j’ai bousillé mes VHS des opus 1 et 2 d’Harry Potter à force de les rembobiner pour réécrire les dialogues à l’onomatopée près.
Et j’ai accessoirement épuisé les oreilles de ma sœur lorsque je récitais par cœur les répliques avec l’intonation adéquate : « C’est Levioosa, pas Leviosaaaa. ».
J’ai romancé les cinq premier films comme ça, seule devant ma télévision cathodique de 20 pouces pendant que ma mère se demandait si j’avais pas un problème d’ordre social ou psychologique - parce qu’avant de geeker, j’étais plutôt la casse-cou de service à roller, à trottinette, à vélo mais aussi à moto.
Et quand j’en ai eu marre de ne faire que recopier l’œuvre de J.K. Rowling qui avait sûrement un scenario plus intéressant que mes cahiers, j’ai découvert le monde des fanfictions.
Mes premières publications et mes premiers commentaires
Avec du recul, je suis en mesure de dire que si j’ai passé autant de temps à copier le récit d’Harry Potter c’est probablement parce que je ne lisais pas. Enfin, hormis la saga Harry Potter, je veux dire.
Comment aurai-je pu ne serait-ce qu’imaginer une intrigue qui tienne la route, façonner un personnage avec son passé, ses contradictions et ses aspirations, aligner des phrases dignes d’intérêt, si je ne lisais moi-même pas une ligne ?
C’est tout simplement impossible.
Et la lecture, c’est arrivé tard dans ma vie, entre le collège et le lycée, avec parcimonie et difficultés.
Alors quand j’ai découvert hpfanfiction.org, un monde s’est ouvert à moi.
La fanfiction est vieille. Elle existait bien avant nous, bien avant Star Trek et était même monnaie courante fut un temps.
Remontant à l’Antiquité où Virgile reprenait Homère, la fanfiction était perçue comme un hommage. La reprise et la transformation d’œuvre préexistante servant à en créer une autre était un fait complètement admis. Racine, quand il écrit Phèdre, Corneille, quand il écrit Œdipe, les scénaristes des films Marvel, lorsqu’ils reprennent plus ou moins librement les bandes-dessinées, les covers de chansons… Tous sont des auteurs de fanfictions en ce que ces œuvres sont des réécritures ou des reprises.
Aujourd’hui le site francophone de fanfictions dédié à Harry Potter compte plus de 23000 histoires écrites par près de 7000 auteurices.
Tien, j’ai dit le mot !
Ce que l'on emporte dans la tombe (2017)
Harry est sur le point d'entrer à Poudlard l'année de ses 11 ans. Lors de la cérémonie de la répartition, il fait la connaissance d'une fille mystérieuse aux origines douteuses... Les questions qu'il se pose alors à son sujet seraient étroitement liées à ce qu'aurait vécu sa mère, Lily Potter, 10 ans avant sa naissance.
Ca, c’est le synopsis de la toute première fanfiction que j’ai écrite à l’époque.
Mais surtout, c’est le premier texte que j’ai soumis aux lecteur·ices et à leur avis.
J’avais 21 ans.
J’ai reçu deux retours sur ce premier texte, dont un très très très critique mais très très construit. Voilà comment j’ai répondu à ce·tte lecteur·ice à l’époque (avec mes fautes d’orthopgrahe) :
Pour dire vrai, je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un me fasse un retour aussi précis qu'intelligent, et j'en suis ravie. Non, je ne suis pas allée pleurer dans mon lit en lisant ta critique parce que je savais un peu à quoi m'attendre en lançant cette toute première fan-fiction qui j'avoue est partie un peu vite. Pour ce qui est de l'originalité, je ne savais pas que le thème du viol était très prisé, pour la simple et bonne raison que je n'avais jamais lu de fanfiction avant cette année, donc je n'ai pas eu le temps de survoler ne serait-ce qu'un dixième de ce qui se fait sur l'univers d'Harry Potter. Néanmoins, je suis d'accord pour dire que j'ai choisit la facilité en réduisant mon histoire à cinq petit chapitres relier par d'énormes élipses temporelles.
Evidemment, je comptais beaucoup sur mon style d'écriture et mes connaissances de Harry Potter. Je me suis rendue compte ensuite que le premier chapitre (plus que le troisième à mon avis) est très mauvais comme entrée en matière car il à presque l'air d'un copier-coller du premier tome. J'ai mal introduit ma fiction, c'est sûr... Et ensuite, je suis totalement d'accord pour dire que je tue ma propre histoire en dévoilant les faits (le viol) dès le troisième chapitre. Très bonne réflexion !
Je ne vais pas reprendre en détail tout ce que tu as dis, mais je le garde en mémoire et je te remercie d'avoir pris du temps pour me dire ce que tu penses. Je suis justement actuellement en train d'écrire ma deuxième fan-fiction sur un thème bien moins glauque. Si ça t'intéresse de voir mon évolution et peut-être de me donner des conseils au fur et à mesure que je publie les chapitres, alors j'en serai contente.
A bientôt peut-être ! ^^'
Si je te dis tout ça, c’est pour remettre en cause le fait qu’écrire une histoire originale (bien qu’empreint d’un univers qui ne nous appartient pas) ne fait pas de moi, à l’époque, une auteure. Parce que l’intrigue n’est pas maîtrisée, que la structure de mon histoire est bancale, qu’il y a des incohérence et que j’ai eu tendance à survoler les choses comme si j’étais pressée de savoir ce que je valais aux yeux des autres.
Mais cette phase d’écriture de fanfiction a été un élément important dans le façonnage de l’auteure que je suis aujourd’hui.
Par la suite, j’ai écrit cinq autres fanfiction dont trois qui ont pas mal plu ! Notamment Secret entre ennemis :
Par curiosité et à force d'entretenir des relations avec des gens tels que Crabbe, Goyle et Malefoy, Daphné Greengrass a appris à observer les signaux secrets du visage qui en disent long et a développé le pouvoir de légilimancie. Cette capacité à lire dans l'esprit des plus vulnérables, elle n'en a pas vraiment conscience. Un jour, alors qu'elle prévoyait un mauvais coup contre les Gryffondor en cours de potion, elle surprend les pensées de Neville Londubat.
Ce sont 12 K mots de ennemies to lovers (eh oui, j’ai écrit de la romance, et pas qu’une fois !) et malheureusement, je n’ai jamais mis de point final à cette histoire…
Quand j’ai pris goût au partage
Même si j’avais acquis certaines compétences en écriture - créativité, style littéraire en évolution, bonne notions en dialogue, ce genre de choses - j’étais toujours dépendante de l’univers créé par une autre, et je ne lisais pas assez...
C’est là que j’ai découvert l’autre site de publication et de lecture de l’association Héros de Papier Froissé : Le Héron.
Sur ce site, on ne trouve que des textes originaux.
J’ai d’abord voulu tester ma capacité à écrire une histoire originale. Dans mes souvenirs, c’est une novella fantastique/horrifique qui découle d’une lettre que j’avais écrite à ma professeur de lettre en prépa littéraire… Ne me demande pas comment ça s’est transformé en Vendredi 13.
Ellen est une grande rêveuse solitaire et superstitieuse qui passe son temps à regretter sa propre vie. Le cours des choses est bouleversé lorsqu'elle est convoquée par la directrice de la banque où elle travaille, une directrice que tout le monde voit comme un véritable dragon.
Ce sont 18000 mots (lus 19414 fois) de vidage de cerveau. Clairement, je ne t’encourage pas à essayer de lire cet espèce de cauchemar sans queue ni tête parce que tu risques de le regretter.
En revanche, ça a été mon premier pas sur le Forum d’HPF dont les membres proposaient et proposent toujours des concours d’écriture (sans gain, juste pour le fun et le challenge).
C’est là que j’ai mis le doigt dans l’engrenage de la publication et qu’à mon humble avis je méritais déjà le “titre” d’auteure, même si je ne l’ai revendiqué que bien plus tard !
D’ailleurs, le premier concours auquel j’ai participé s’appelait “Marions-les” et l’idée ingénieusement loufoque consistait à “marier” des genres littéraires piochés dans le plus grand des hasards.
Pour moi, ça a donné La République ou le peuple :
Le Président de la République française, Monsieur François Hollande, doit faire face à une situation de conflit secrète particulièrement épineuse en temps de crise.
Quand je pense que j’ai écris une tragédie qui mettait en scène François Hollande dans une crise d’attentat, j’ai envie de me taper une barre !
Mais, hormis la drôlerie de la chose, je me rends compte que je ne méritais peut-être pas autant le “titre” d’auteure parce que j’ai eu beaucoup de mal à combiner les codes de ces genres très différents, de me les approprier. Même si j’ai inventé un truc qui tient à peu près la route, sans l’aide d’un ChatGPT, c’était à côté…
Donc retour à la case départ.
Quand est-ce que j’ai vraiment porté l’étiquette d’auteure ? On en parle dans une prochaine newsletter ! Parce que celle-ci commence à être longue.
Avant de partir, j’ai une question pour toi.
Je meurs d’envie de savoir, dans le cas où tu li(ais) et/ou écri(vai)s des fanfictions, de quels univers il s’agit ! Je t’attends en commentaire. Moi je ne suis jamais sortie de ma bulle Harry Potter, mais je sais que c’est bien plus vaste que ça.
Tes cadeaux pour te remercier de partager “Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge”
Pour rappel, si tu recommandes Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge à d’autres personnes, voici les récompenses que tu peux gagner :
1 recommandation → Choisis la prochaine œuvre que je chronique (film ou livre).
7 recommandations → La nouvelle Amort au format e-book.
20 recommandations → Mon recueil de nouvelles 13 Effrois au format e-book.
Il te suffit de cliquer sur le bouton juste en dessous pour obtenir ton lien personnalisé :
J’espère que cette newsletter sur ce qu’est être auteurice de mon point de vue t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋
Merci pour ton retour Aurélie ! C'est la première fois que je parle de moi de manière aussi intime (même si j'ai conscience que ça n'est pas si intime) et j'ai trouvé que c'était assez libérateur de dévoiler une partie de mes premiers dans l'écriture.
Merci pour ce partage de tes débuts. J’ai coché non à ton sondage puis je me suis souvenue que j’en ai lu un peu, en fait. C’était dans l’univers Supernatural, je les lisais en anglais. Mais ça ne m’a jamais intéressée d’en écrire. J’ai une autre question, au sujet du moment où tu t’es sentie autrice : y a t’il une nuance selon toi entre autrice et écrivaine ? (Quitte à causer sémantique, autant y aller à fond, hein !)