Ceci n'est pas une œuvre horrifique, ne t'y trompe pas.
On en a déjà parlé, le genre en fiction est une catégorisation utile pour lire ce qu'on à envie de lire, mais c'est aussi une stratégie marketing qui peut être trompeuse. Voyons ça avec deux exemples.
Chair lecteur·ice 😈
Comment vas-tu depuis 3 semaines ? Pressé·e d’être à Noël, ou bien ça t’angoisse ?
Pour ma part, si j’ai manqué de régularité quant à l’envoi de cette newsletter et à l’alimentation de mon compte Instagram, ce n’est pas parce que j’ai arrêté de visionner des films et de lire des livres (au contraire !), c'’est parce que je traverse une crise perso à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse.
Mais j’y travaille !
J’espère juste que je ne t’ai pas égaré·e en chemin, parce que j’ai vraiment envie, peut-être même BESOIN de partager ces écrits avec toi.
Alors c’est partie pour parler de l’étiquette “horreur” qu’on colle à des œuvres parfois à tord.
Bonne lecture 😄
Peut-on vraiment appeler ça un film d’horreur ? Non.
Time Cut n’est pas plus un film d’horreur qu’il n’est un film au sens artistique du terme.
Toute la platitude de son esthétique aseptisée à outrance en est la preuve. A l’image des réseaux sociaux où tout le monde veut ressembler à une façade normalisée et validée par des critères rigides, ces images sont le reflet d’une industrie dégradée et dégradante. Time Cut est un produit qui coche des cases que voici.
La machine à voyager dans le temps
Le meilleur moyen de pouvoir étiqueter le film de “science fiction”, un genre à la mode - quand la dystopie l’était…
Le tueur masqué à l’arme blanche
On surfe sur la vague des reboot de Scream et Halloween qui tentent de remettre le slasher au goût du jour avec une vieille recette.
Des adolescent·es
Justement pour parler aux nouvelles génération, probablement la tranche d’âge la plus scotchée à Netflix, celle qui ne va plus (trop) au cinéma - fais-moi mentir !
Des acteur·ices en vogue
Madison Bailey est un personnage principal dans une série produite par Netflix qui bat son plein et Antonia Gentry est la protagoniste d’une autre série Netflix à succès. Voilà comment la machine à fric capitalise pour additionner les spectateur·ices.
Un scénario bateau avec twist pressenti
Un mixe raté entre Happy Birthdead (5,6/10 sur Sencritique) et Project Almana (5,5/10), bien que le premier assume totalement l’aspect slasher (c’est violent) et le second son aspect science fiction (le retour dans le temps a une véritable incidence sur les événements).
La morale qui essaie de nous tirer l’empathie des mirettes, vient du dilemme auquel fait face Lucy, si tant est qu’il en soit vraiment un.
Mais absolument rien n’est crédible dans ce feuilleton ni fait ni à faire.
Par exemple, la machine à voyager dans le temps pop du néant et disparait aussi mystérieusement. Aucune tentative d’explication quant à son existence ni à son fonctionnement, mais visiblement n’importe quel lycéen est capable de la mettre en route pour rendre visite à ses ancêtres.
Et surtout, c’est là où je voulais en venir avec l’introduction, on y retrouve aucun code du film d’horreur.
Non, ce n’est pas un slasher. C’est tout juste un thriller avec un body count (jargon pour dire “nombre de morts”) réduit.
Pas de violence, pas de peur ni d’angoisse, pas de dégoût, pas d’inquiétude, pas de cri, (et pas non plus de référence sexuelle : un des piliers du slasher).
“L’horreur” n’est qu’un décor, un prétexte pour sortir le film en octobre, mais pas un genre dans lequel s’inscrirait une histoire ou un message.
C’est une opération marketing qui a fonctionné, puisque des tas de gens, comme moi, ont cliqué pour lancer cette bouse. Le système algorithmique de Netflix a fait le job. Un bouche-à-oreille corrompu, puisque Time Cut ne devait sa position de 3e film “le plus vu” (et non le plus aimé) de la plateforme qu’à l’addition des minutes visionnées par l’ensemble des abonné·es et même pas à l’addition des visionnages complet du film.
Du foutage de gueule, je te dis. Plus de la moitié n’aurait pas payé 10 balles pour voir au cinéma cette comédie dramatique drapée dans une cape noire délavée qui ne dupe personne. Il n’y a qu’à voir sa note sur SensCritique : 3,9/10.
Tu veux mon avis ? Sinon tu ne serais pas là… Ne perd pas ton temps avec Time Cut. Va plutôt lire Joyland de Stephen King.
Joyland n'est pas un livre d'horreur non plus.
Le savais tu ?
Stephen King ne se cantonne pas à investir nos cauchemars. Il sait s’insinuer dans notre coeur…
En ouvrant Joyland, j’ai cru commencer une histoire de fantômes qui épouvanterait mes nuits. Mais pas du tout.
Quand je dis que la fiction c’est aussi une histoire de marketing, il n’y a qu’à voir comment on nous a vendu Joyland à travers les époques et les pays. De gauche à droite, les premières de couverture m’ont inspiré le slasher des années 80’s (femme apeurée), l’érotisme (et oui il y en a dans ce roman), la terreur d’une fête foraine, le fantastique et pour finir… Je ne sais pas trop. La dernière couverture est probablement la moins vendeuse.
Joyland n’est pas une œuvre horrifique, mais c’est un excellent roman, en revanche.
En réalité, c’est un thriller fantastique qui s’équilibre entre enquête, suspens et flirt avec le surnaturel. Même si l’enquête est plus une intrigue parallèle qui devient contexte et prétexte à faire évoluer Devin, le protagoniste attachant de King, sur le point de vivre une année particulièrement marquante.
Stephen King, lui au moins, a la décence de nous tirer les larmes.
Le récit nous est conté par Devin lui-même, alors sexagénaire. On sait qu’il ne lui arrivera donc rien de mortel, mais si tu connais l’auteur tu sais que ce qui l’intéresse ce n’est pas “quoi” ni “pourquoi” mais bien “comment”. C’est ce qui fait qu’après chaque chapitre, on ne peut s’arrêter de lire : Stephen King maitrise aussi l’art du suspens, en plus de la psychologie des personnages et de l’horreur.
C’est Devin la star de ces pages. Il est drôle et touchant dans son imperfection. D’adolescent accroché à son premier amour comme une moule à son rocher à adulte endurcit et indépendant. Il a survécu au mensonge et au deuil, il a surpassé des craintes, il a découvert qui il était. Parce que Joyland est un récit initiatique.
Ce n’est qu’à la résolution de l’histoire qu’on découvre toutes les ficelles de l’auteur, ce marionnettiste de génie qui nous a fait oublié qu’on lisait une fiction pour nous faire croire que Devin était un bon ami. Chaque personnage est étonnamment vraisemblable en plus de servir l’intrigue pour nous livrer un final cohérent.
J’ai adoré Joyland, l’univers des forains, les relations inter-personnages et les mystères habilement solutionnés (ou pas).
Avant de partir, laisse-moi te rappeler que j’écris aussi de la fiction de mauvais genre et que tu peux la lire.
Pour Noël, tu peux offrir des frissons d’effroi.
Pour un exemplaire dédicacé et accompagné d’un marque-page à 10,99 €, écris-moi par mail à amelie.boulay[a]ecomail.bzh. Autrement, tu peux te le procurer en broché ou en e-book un peu partout (même dans ta librairie en le commandant).
Tes cadeaux pour te remercier de partager “Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge”
Pour rappel, si tu recommandes Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge à d’autres personnes, voici les récompenses que tu peux gagner :
1 recommandation → Choisis la prochaine œuvre que je chronique (film ou livre).
7 recommandations → La nouvelle Amort au format e-book.
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J’espère que cette newsletter sur le marketing de genre t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A la prochaine 👋
Joyland me tente beaucoup ! De toute façon, je ne lis que les policiers/thrillers/romans noirs chez Stephen King, pas vraiment le fantastique (ou alors il faut que ce soit très léger, comme dans Mr Mercedes, où de toute façon c'est le policier qui prime). C'est d'ailleurs l'auteur de l'enfer pour les libraires, les romans sont jamais dans les bons rayons !
Je ne connais pas Time cut. J’ai lu Joyland, en revanche. Pas mon préféré du King, mais j’y pense chaque fois que je vais en salon littéraire jeunesse et que je vois passer les employés de la maison d’édition dans leur encombrant costume de mascotte du loup ! J’ai beaucoup aimé l’atmosphère du roman, la fête foraine, etc. Mais j’ai moins vibré pour l’intrigue elle-même. Cela dit, Stephen King reste pour moi un des plus grands, et certainement l’auteur que j’ai le plus lu.