Définissons ensemble le thriller domestique
Soi-disant la niche réservée aux autrices, un sous-genre du thriller qui a peut-être même deux noms : thriller domestique ou thriller familial. On se penche dessus et on le dépèce au couteau 🔪
Salut chair abonné·e 😈
Je sais, j’ai un jour de retard. Mais j’ai une bonne excuse ! Je t’ai rédigé une newsletter canon.
Bon. Visiblement, tu aimes autant lire des fictions que lire ma newsletter, il y a des chances pour que tu aimes le cinéma de genre aussi, mais je me demande si tu apprécies écouter des podcast…
Je te dis ça parce qu’au printemps dernier, j’ai enregistré un épisode 30 minutes au micro du Portail des autoédités pour raconter mes premières expérience de dédicaces (sujet sur lequel je suis revenu dans cette newsletter par ailleurs).
Et l’épisode est en ligne depuis dimanche 8 septembre. Si ça t’intéresse, ou si tu aimes bien ma voix (bah quoi ?), tu le trouveras sur Spotify, entre autres.
Autre chose avant de se lancer dans le sujet de la semaine qui n’est autre qu’un sous-genre du thriller - lui-même considéré comme un sous-genre du policier.
J’organise un concours ce vendredi sur mon compte Instagram.
A l’occasion du vendredi 13 septembre, je fais gagner un exemplaire broché et dédicacé de 13 Effrois et un exemplaire e-book. Et tu n’as que 28h pour participer, uniquement sur Instagram.
Et si tu l’as déjà lu, tu peux toujours faire passer le message à des personnes qui n’aurait pas eu la chance de découvrir ma plume à l’encre rouge.
C’est partie pour parler du…
Thriller domestique ou thriller familial ?
Ces dernières semaines, j’ai enchaîné la lecture de trois thrillers. Mais pas n’importe quels thrillers. L’Épouse et la veuve de Christian White (chroniqué dans l’édition du 14 août), La Double mort de Linda et J’ai épousé un inconnu de Patricia MacDonald.
Autrement dit, des thrillers de la branche du thriller familial. Ou du thriller domestique ?
Euh… C’est quoi la différence entre les deux ?
Définissons les sous-genres
Le domestic thriller (ou domestic noir) en anglais est traduit en français indifféremment par “thriller domestique” et “thriller familial” sur les différentes sources que j’ai trouvées.
Est-ce vraiment la même chose ?
Quand j’ai demandé leur avis à mes abonné·es sur Instagram, la réponse la plus cliquée était “Non, ce n’est pas pareil”.
Alors creusons le sujet, tu veux ? Partons du principe que ce sont bien deux sous-genres distincts.
D’après BookNode, le thriller domestique comporte des « intrigues écrites et menées par des femmes sur les disparitions, les crimes, etc. » mais qui ne sont pas des enquêtrices.
❌ première objection : L’Épouse et la veuve est écrit par un homme.
✅ Mais il est bien vécu par deux femmes dont le point de vue alterne de l’une à l’autre un chapitre sur deux, et il traite bien de disparition de proche.
Un utilisateur de SensCritique est plus précis : « l'intrigue principale prend pour cadre le foyer familial. Relation parents/enfants, relations de couple, femmes/hommes au foyer, tromperies diverses, amis ou voisinage direct sont les thèmes de prédilections du thriller domestique. »
🟠 Dans les 3 thrillers que j’ai lus cet été, aucun ne se cantonne au voisine proche. Pour L’Épouse et la veuve le terrain de jeu est même toute une île australienne (bien qu’elle soit désertée par les touristes à la période du récit et donc qu’elle favorise l’entre-soi).
✅ Mais dans ces 3 thrillers ainsi que dans Esprit d’hiver de Laura Kasischke, il est bien question d’une intrigue familiale.
Et là, tu vois que la limite entre “domestique” et “familial” tend à disparaître…
Sauf que mes abonné·es ont leur idée. Pour Malone, le thriller domestique se déroule « dans une maison avec des gens qui vivent ensemble » et pour Fleur c’est un récit qui se déroule « dans la maison ».
Ce serait plutôt une question géographique à leurs yeux. Passer la barrière du domicile familial, on passe du thriller domestique au thriller familial qui lui pourrait concerner des membres de la famille en dehors du foyer.
Sauf que là, ça me pose une autre question : est-ce que ça signifie qu’un thriller domestique est forcément un huit clos ?
Si oui, alors Esprit d’hiver est un exemple parfait. On ne sort pas de la maison.
Tandis que dans J’ai épousé un inconnu, on peut changer de décors régulièrement (l’hôpital, un magasin de bijoux, une voiture, chez un ami…).
Et si le lieu des événements du récit est la seule différence entre les deux sous-genres du thriller, tout le reste est commun :
Un thriller domestique ou familial est plus lent, rarement haletant, mais tient sa force dans la psychologie des personnages et dans les relations inter-personnages. On entre dans les esprits, on détaille les émotions, les ressentis, les réactions. Ces thrillers se basent sur ces éléments qui se vérifient à chaque fois dans les deux cas :
surveillance et voyeurisme
suspicion et paranoïa
secrets et mensonges
Et je pourrais reprendre les mots de K. Moore, l'autrice de thrillers psychologiques et familiaux qui a écrit sur mysteryandsuspens.com :
Ils traitent de thèmes sombres et utilisent l'infidélité, les problèmes d'argent, la tromperie, la maladie mentale ou les secrets de famille non révélés comme moyen de décrire des expériences souvent choquantes, voire carrément provocantes. (Traduction IA)
Elle pense même que Barbe-Bleue (1697), le conte de Charles Perrault, serait le premier thriller domestique. La jeune épouse d'un noble français ouvre la porte d'une chambre sanglante et découvre les cadavres des épouses précédentes de son mari, on est sur la base : un crime “passionnel”.
Enfin, on peut tout à fait avoir un point de vue externe qui s’immisce dans une famille ou un couple problématique, quelqu’un qui questionne ou suspecte. De la même manière, le point de vue peut être interne et se focaliser sur un personnage directement concerné, souvent la victime du récit.
Mes remarques
Je pense que ces sous-genre du thriller sont un terrain très occupé par les femmes parce que la société les a longtemps enfermées au foyer, à la maison.
En proie au patriarcat, cibles des hommes de leur propre famille, elles ont des tas de choses à mettre en mot pour se réapproprier les faits divers qui en font des objets de curiosité plus que des victimes à défendre.
Attention ! Ca n’empêche pas Patricia Macdonald d’écrire des trucs problématiques comme l’extrait suivant :
[Le tiroir] était verrouillé. Ca alors, qu’est-ce que David avait voulu cacher ? Qu’est-ce que les gens mettait sous clé ? De vieille lettres d’amour, dans le cas des femmes. Et les hommes ? Ne pas se voiler la face. Probablement de la pornographie. A cette idée, l’agacement se surajouta à son anxiété. Il ne la jugeait quand même pas pudibonde au point d’enfermer ces machins-là dans un tiroir. Elle avait déjà vu ce style de magazine. A moins, se dit-elle avec une grimace, qu’il soit attiré par une pratique révoltante. Les enfants, les animaux, d’autres hommes. Mais non. C’était stupide. Elle savait avec certitude que les appétits sexuels de David étaient sains. (J’ai épousé un inconnu)
Ca m’a révolté (pour reprendre son vocabulaire, traduit évidemment) qu’elle mette sur un plan d’égalité l’homosexualité (qui est bien une pratique sexuelle saine, je t’assure), la pédophilie et la zoophilie (deux pratiques immorales et illégales).
Et c’est sans compter les descriptions grossophobes et les autres propos homosexuels. Elle a écrit ça en 2006, hein. Ca faisait déjà deux ans que la série The L Word avait commencé - le Desperate Housewive lesbien à LA. Mais ça n’est pas le sujet…
Au lieu de finir sur une note négative, j’ai des recommandations pour toi !
Mes recommandations
Voici quelques autres thrillers domestiques ou familiaux que j’ai lus ou vus et que je défends.
Les Lieux sombres, Gillian Flynn (9/10)
→ Libby Day est la seule survivante d'un massacre visant sa famille pour lequel son grand frère Ben a été jugé coupable et emprisonné. Vingt ans plus tard, on l'incite à déterrer de vieux souvenirs pour étudier cette affaire trop louche pour être vraiment résolue.
Elle, Paul Verhoven (8/10)
→ Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d'une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
Un homme idéal, Tann Gozlan (Français)
→ Mathieu aspire à devenir un auteur reconnu, mais n’a jamais réussi à être édité. Il tombe sur le manuscrit d’un homme solitaire qui vient de décéder.
La Femme à la fenêtre, Joe Wright
Gone Girl, David Fincher (adaptation des Apparences, Gillian Flynn)
→ Le jour de leur 5e anniversaire de mariage, Amy disparaît et Nick retrouve leur maison saccagée. Tout semble accuser Nick. Il veut la vérité.
Le mot de la fin
J’avais un troisième roman de Patricia Macdonald dans ma bibliothèque, mais je ne vais pas le lire. Et je revends les 3 sur BookVillage, si t’as envie de les découvrir à ton tour !
Ne pars pas tout de suite !
Tu peux me suggérer quelque chose en commentaire aussi, si tu as une idée précise.
Tes cadeaux pour te remercier de partager “Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge”
Pour rappel, si tu recommandes Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge à d’autres personnes, voici les récompenses que tu peux gagner :
1 recommandation → Choisis la prochaine œuvre que je chronique (film ou livre).
7 recommandations → La nouvelle Amort au format e-book.
20 recommandations → Mon recueil de nouvelles 13 Effrois au format e-book.
Il te suffit de cliquer sur le bouton juste en dessous pour obtenir ton lien personnalisé :
J’espère que cette newsletter sur les thrillers domestiques et familiaux t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋
🫡
J'allais justement citer Gillian Flynn comme maîtresse du genre ! Les 2 (Les Apparences et Gone Girl) font partie de mes livres préférés, surtout le premier, j'en ai encore des frissons !