« Oh, tu m’emmerdes avec cette fille-là. »
Les engueulades j'adore ça, je te montre ce que ça donne ? Sinon, j'ai vu Don't Look Up, il faut que je t'en parle. Puis, je t'explique comment j'ai composé mon recueil de nouvelles 13 Effrois.
Avant de commencer, laisse-moi te donner un bon plan !
L’e-book de 13 Effrois est à seulement 1,99 € jusqu’à la fin du mois d’octobre.
J’adore écrire les embrouilles
Si je ne devais écrire plus qu’un type de scène, ce serait les disputes. Tu sais, ce moment où deux personnages entrent en conflit, en face à face, et à l’oral.
C’est tellement explosif.
Quand il arrive le moment ou Diana et Stanislas vont se fritter, l’encre (rouge) coule de ma plume comme les mots apparaissent sur l’interface de ChatGPT. Comme si c’était inné.
Mon secret ? Je ne l’ai pas percé, mais j’suis presque sûre que c’est parce que les engueulades je les connais bien. J’y ai assisté, je les ai commencée, j’ai renchéri, je suis intervenue pour les arrêter, je les ai aussi subies. Insidieuses, vicieuses, frontales, brutales, vulgaires et violentes.
Attend, j’te montre. Enfin si ça te dit de plonger dans le quotidien d’un couple malade que j’ai inventé…
— Bonsoir chérie !
La tornade Stanislas se fraya un passage entre le corps emmitouflé dans un pyjama de soie de Diana et la porte blanche. Il déposa un petit bisou sur sa joue. Le temps qu’elle les enferme dans la maison de deux tours de clés, il avait déjà disparu dans son bureau, son attaché-case dans la main droite, et son long blouson dans l’autre main.
— Ah ! J’ai plus l’habitude de ses longues et ennuyeuses réunions.
Parler à l’autre bout d’une pièce, l’une de ses mauvaises habitudes qu'elle avait fini par accepter. Ce n'était pas faute d'avoir bataillé. Ce soir, ça la faisait enrager. Elle fit quelque pas dans le hall d’entrée et s’arrêta au milieu.
— Et toi, ta journée Dia ?
Pas de réponse.
— Dia ? Demanda-t-il à nouveau en passant la tête dans le couloir par l’ouverture du bureau.
Elle se tenait immobile, les yeux fixes et sévères. Ses bras le longs de son corps, raides comme la justice, trahissaient sa volonté de régler quelques comptes. Stanislas ne pourrait pas esquiver, et la caresse la plus douce du monde ne la détournerait certainement pas de son idée. Sa détermination était sans égal. C’est avec cette force que Diana l'avait fait flancher et lui passer la bague au doigt.
Il disparut une seconde, et se mit en condition pour affronter la conversation qui s’annonçait encore moins réjouissante que la réunion du personnel enseignant de l’Université. Va pour le hall d’entrée. Pas le meilleur endroit pour éviter d’attirer l’attention de Sheila, mais ce n'était pas le moment de la contrarier.
— Qu’y a-t-il, Diana ?
— Tu n’avais pas rendez-vous ce soir, avec une de tes étudiantes ?
Stanislas fronça les sourcils. Ca avait tout l'air d'une entourloupe. Il connaissait les techniques d’enquêtrice de sa femme. Ne les lui avait-il pas lui-même conseillé pour interroger les témoins et autres suspects ? Les inconvénients du couple d'avocats diplômés.
— Non. Il y a bien longtemps que je n’ai pas reçu une quelconque étudiante sous mon toit. Diana, tu le sais bien.
Le ton ferme qu’il avait employé se mariait avec son attitude autoritaire, celle qu'il réservait justement à ses étudiants. A son tour, il durcit le regard et croisa les bras sur son torse.
— Comment se fait-il que l'une d'entre elles ce soit pointée il n’y a pas vingt minute devant notre porte en demandant après toi ?
— Eh bien je ne sais pas.
Il relâcha très vite ses bras et haussa les épaules dans un geste de défense.
— Après Nara Perkins, c'est au tour d'une de ses copines ?
— Oh tu m’emmerdes avec cette fille-là. Elle a arrêté d’écrire depuis deux semaines. Je pense qu’elle a compris le message maintenant…
Mais Stanislas fuit le regard perçant de sa femme en entrant dans la cuisine. Le plan de travail était impeccablement rangé, propre, presque scintillant. Diana avait donc fini de préparer le repas du soir, comme d’habitude. Elle aurait fait une bonne mère au foyer. Comment faisait-elle pour gérer tout ça : ses heures de travail, les devoirs avec Sheila, les réunions parents-prof, la cuisine, le ménage. C'était sûrement un truc de femme.
— Oui, il lui aura quand même fallu deux mois pour ça ! Deux mois très pénibles, Stanislas. En tout cas pour moi…
Elle l'avait suivi dans la cuisine. Il lui tournait le dos, sortant d’un placard mural une nouvelle bouteille de vin rouge bordelais. La France fournissait le meilleur vin de la planète, selon lui, et Diana ne pouvait que le croire étant donné qu'elle était plutôt portée sur la bière. Le verre dans la main gauche, la bouteille dans la main droite, il versa le liquide aux aspects de sang.
— Peut-être qu'elle n'a pas lâché l’affaire...
Une pointe d’accusation déforma les propos de Diana, ce qui avait le don de mettre Stanislas sur les nerfs.
— Qu’est-ce que j’y peux moi ? Ose dire que tu n'étais pas dans le même cas qu’elle il y a quelques années ?
Un vent glacial traversa la pièce bien qu'aucune fenêtre n'était ouverte. Diana laissa retomber ses épaules, bouche-bée. Elle ne su quoi répondre. C'était à la fois odieux de la comparer à ces groupies et... Quelques années auparavant, Diana Frane était tombée sous le charme incontestable de son professeur. C’était bel et bien vrai. Mais elle ne s'était jamais abaissé à harceler l’homme qui habitait ses fantasmes. La remarque eut du mal à descendre. Alors elle resta muette et laissa la victoire à Stanislas. Il semblait fier que des femmes aussi jeunes lui courent après. Il devait ça à son charisme exceptionnel. Diana aurait plutôt dit qu'elles en avaient après sa réputation et son argent. Mais son ego surdimensionné n'accordait pas le moindre crédit aux critiques de sa femme.
— En tout cas, ta pute est partie. Le gigot est dans le four.
Ce que tu viens de lire, c’est une partie du chapitre 15 de mon roman Les John Foster, un thriller fantastique. Oui, celui que j’ai abandonné, j’en parlais dans la newsletter du 7 juin (si ça t’intéresse).
Regarde la vérité en face
A sa sortie, le film Don’t Look Up a fait beaucoup parler de lui. Aujourd’hui, je te parle d’une satire de la société toute entière, vue par le prisme d’une réalité américaine. Elle est sortie en 2021, alors que la crise du COVID-19 était installée depuis près de deux ans.
Avec un casting 5 étoiles, une affiche tape à l’oeil et une promesse savoureuse - faire rire avec un sujet dramatique - le film était immanquable.
Pourtant, je l’ai manqué…
Mais voilà, je me suis rattrapée !
Ca parle de quoi déjà ?
Un groupe de scientifiques américains découvre par hasard l’existence d’une nouvelle comète. Génial ! Sauf qu’elle va s’écraser sur la Terre dans un peu plus de 6 mois et, étant donné sa taille, il est certain qu’elle détruira toute forme de vie lors de l’impact.
Mais ce n’est pas tout, sinon ce serait une anticipation dramatique. Non non, il s’agit d’une comédie. Ouais, parce que le gouvernement des États-Unis a décidé de s’en battre les couilles. Bah attend, y a plus important : les élections de mi-mandat. Donc qu’est-ce qu’on en a à foutre de l’humanité ?
Pourquoi on rit jaune ?
Devant ces situations cinématographiques absurdes, j’ai souris et j’ai ri tout en me réprimandant de le faire. C’était tellement bizarre comme attitude. Je ne me souviens pas l’avoir déjà expérimenté devant une autre oeuvre de fiction.
Comment ça peut être à la fois absurde et réaliste ? Genre… Le bras droit de la Présidente des États-Unis (ne t’y trompe pas, c’est une femme mais elle est plutôt du genre Marine Lepen que Hilary Cliton) qui rabaisse les scientifiques dans le bureau oval de la Maison Blanche et qui leur fait un check en partant en espérant leur faire avaler qu’il se sent concerné. C’est clairement Donald Trump, casquette rouge et bleu sur la tête, qui baise les amérciains en se faisant passer pour un populiste cool alors qu’il construit un mur entre lui et le Mexique.
Analogies : de la fiction à la réalité.
En tant que spectateur·ice, on entre dans le cercle fermé de ceux qui sont au courant de la fin du Monde : les scientifiques et les politiques. Mais 99% de la population apprend les choses par le biais de la télé, les talk show, internet et ses meme à deux balles. On leur met n’importe quoi dans le crâne. Par exemple que la doctorante, qui a découvert la comète, est une hystérique bipolaire. Crédibilité de la science ? Zéro.
Alors on ne sait jamais quoi penser : la comète n’existe pas ; les calculs sont faux, en fait si, ils sont vrai, mais les risquent ne s’élèvent qu’à 70% ; mais on va tous crever ; t’inquiète, le gouvernement va dévier la trajectoire de la comète et nous sauver ; euh bah non, le fric c’est plus important…
Bref, le peuple est un pantin malmené. Ca ne te rappelle pas toi pendant le COVID-19 ? Le virus n’existe pas ; il n’est pas mortel, en fait si, il est mortel mais seulement en cas de co-morbidité ; mais on va tous crever ; t’inquiète le gouvernement va trouver un vaccin et nous fournir des masques, ouais mais seulement pour les pays occidentaux…
Moi qui travaille pour la transition écologique, je pensais autant au COVID-19 qu’au réchauffement climatique en regardant Don’t Look Up.
Si si, c’est la même chose : le climat ne se réchauffe pas, regarde l’été pluvieux qu’on a eu ; en fait si, y a réchauffement, mais ce n’est pas de la faute des activités humaines, c’est naturel ; c’est inévitable et au bout de +2,5°C la planète deviendra invivable pour une large population ; t’inquiète, le gouvernement va investir dans un changement sociétal en faveur de l’environnement ; en fait non, il va continuer de pousser à la consommation de SUV, autoriser les produits chimiques toxiques dans l’agriculture et prendre un jet privé pour faire 500 bornes, parce que rien à foutre.
Bon, parlons cinéma
Ta question c’est : il est bien le film ou merde ?
D’un point de vue scénaristique il est juste. Peut-être un peu long, mais les parties sont bien dosées. On a le droit à des rebondissements !
D’un point de vue personnages, on ne s’attache pas à l’un d’eux. Peut-être parce qu’ils sont si innaccessibles ? Ce ne sont pas des clichés, malgré l’humour absurde, ils sont tirés de la réalité. Reste que les sous-intrigues qui les concernent sont inintéressantes.
Pour ce qui est des scientifiques, il sont dans un autre univers, les politiques encore pire et les journalistes… sont des rats. Dans le film, personne ne porte vraiment la parole des gens lambdas qui découvrent qu’ils vont bientôt mourrir et qui réagissent à ça. En fait, il y a de courtes scènes à ce propos, mais le but du film c’est nous montrer que tout se joue en haut de la hiérarchie et du pouvoir, et que toi et moi on ne peut pas faire grand chose à part… une émeute ? La grève de la faim, oublie. Aujourd’hui, on en meurt à petit feu. On n’en a rien à battre que tu crèves en haut d’un arbre, tout c’quon veut c’est cette p*tain d’autoroute pour gagner 15 minutes (et gagner un max de pognon) !
Pour ce qui est de la réalisation, de l’esthétisme et du montage, c’est à la fois beau, touchant, judicieux et… particulier. Les images presque documentaires qui ressemblent à des archives et qui font irruption dans la narration sont intéressantes et un peu déroutantes. Elles coupent le film. Pareil pour certaines scènes comme le concert ou le compte-à-rebour de fin qui sont sans arrêt cuté (un anglisisme, ça fait toujours cool) et je n’ai pas bien compris pourquoi. J’ai trouvé que ça faisait mal fini…
Je ne retiendrais qu’une chose : vive Jennifer Lawrence 💖
J’ai composé 13 Effrois comme un album de musique
Comment est construit mon recueil de nouvelles ? Peut-être que tu t’es posée la question.
« Les nouvelles sont dans l’ordre chronologique d’écriture ou bien elles se suivent par thématique ? », « Tu les as tirées au sort pour les ordonner ? »
J’ai cru que ce serait compliqué de faire quelque chose d’harmonieux avec mes 13 histoires. Mais ça a été une étape très facile, quasi instinctive.
La force de 13 Effrois c’est sa capacité à regrouper des histoires d’univers complètements différents à propos de thèmes récurrents : le mensonge, la vengeance et les relations toxiques.
Voilà ce qu’en dit Didie_n_books :
13 Effrois porte bien son nom et vous conduira devant 13 portes amenant dans divers univers, toujours plus sombres. Du thriller à l’horreur, du fantastique à l’anticipation, si vous voulez vous flanquer la trouille pour Halloween c’est par ici que ça se passe ! Lis toute sa chronique sur Instagram
Mon objectif ultime à travers l’écriture et ce livre, c’est te faire ressentir des émotions fortes : l’angoisse, la peur, la tristesse, le stress. Bien sûr, ça reste de la “peur plaisir” comme le dit Franck Thilliez, il n’est pas question de t’envoyer en dépression !
Pour ça, j’ai joué avec la diversité de mes textes. J’ai alterné les histoires longues et courtes, les genres et les sujets abordés. Comme ça, tu ne te lasses jamais.
Tu peux lire les nouvelles dans l’ordre que tu veux (la table des matières, c’est pas pour les chiens), mais j’ai créé un ordre exprès pour jouer avec tes émotions. Exactement comme on compose un album de chansons.