Le capitalisme est sujet à l'horreur
Dans un monde individualiste et capitaliste, nous courons à notre perte. J'ai récemment vu un des films qui en parle le mieux et je vais vous en toucher deux (mille) mots.
Chair lecteur·ice 😈
J’ai un jour de retard, mais ce qui compte c’est qu’aujourd’hui j’ai du lourd.
En ce moment je visionne un tas de films, notamment grâce au pass ciné illimité que j’ai gagné en avril dernier et parce qu’on a Netflix à la maison depuis quelques mois.
Et généralement, j’ai le nez pour tomber sur des pépites de “mauvais” genre.
J’ai également terminé Joyland de Stephen King avec de la buée dans les yeux, j’ai hâte de t’en parler.
Sur ce, je te laisse te préparer à découvrir un film estampillé Thriller de science-fiction horrifique, rien que ça !
Bonne lecture 😄
Mettons “quelques” individus représentatifs de notre civilisation soit disant évoluée dans une tour de plusieurs dizaines d’étages et voyons comment ils survivent à l’enfermement.
Manger, parler, dormir : c’est ainsi que se résume le cycle de vie des habitant·es de La Tour ou du trou (selon les traductions…) dans la fiction imaginaire qu’est La Plateforme ou El Hoyo, en espagnol, un film de Galder Gaztelu-Urrutia.
La Plateforme aurait été une expérience unique au cinéma…
…dommage.
Elle aura au moins eu le mérite de tomber à pique. En sortant en 2019, elle a été l’une des fictions non anglophones les plus visionnées sur Netflix en période de confinement pendant l’épidémie de COVID-19.
Quand on sait qu’au lendemain de la seconde élection de Donald Trump aux US, les américains ont fait exploser les ventes de La Servante Écarlate de Margaret Atwood et 1984 de George Orwell, on peut dire que l’humanité est globalement masochiste (ou survivaliste ?).
Voici le synopsis de La Plateforme, simple et efficace.
Dans une tour dont les prisonniers ignorent le nombre de niveaux, une plateforme transportant un buffet descend d'étage en étage pour les nourrir. Mais ce système favorise les premiers servis et affame les derniers.
Ca aurait tout aussi bien pu faire un excellent jeu-vidéo de survival horreur, ça en a tous les codes !
En immersion dans cet endroit aussi froid qu’un garage souterrain et aussi hostile qu’une cellule de prison, nous sont dévoilés progressivement les lois qui le régissent.
Le protagoniste est de passage, il veut arrêter de fumer et prendre le temps de lire. Alors il signe un contrat pour un séjour inconnu dans La Tour. Les seules choses qu’il peut négocier c’est le plat que les chefs cuisto lui prépareront à manger chaque jour et l’unique objet qu’il a le droit d’emporter avec lui.
Goreng ignore tout de l’enfer dans lequel il s’est terré.
Et l’expérience en tant que spectateur·ice est intense !
Oppression, suffoquement, surprise, angoisse, dégoût, colère, indignation, pitié…
Les émotions qui ont traversé mon corps et ma tête furent nombreuses, mais j’ai l’intime conviction qu’une salle obscure les aurait décuplées.
Tout ça, on le doit à un décor minimaliste et précis, un sens du symbolisme aigüe, un jeu d’acteur calibré et un concept théorique très fort.
Détruisons la théorie du ruissellement
La théorie du ruissellement estime qu'une politique favorisant les revenus des plus riches, profite à toute l'économie. La réduction d'impôts permettrait de dégager des revenus auparavant ponctionnés par l’État, qui seraient réinvestis dans l'économie. Ce réinvestissement « ruissellerait » ainsi jusqu'aux classes populaires (Wikipédia)
Je l’ai déjà dit : la fiction est politique.
Je suis particulièrement sensible à la littérature et au cinéma qui s’engage, qui dénonce, qui délivre un message. Mes propres écrits sont souvent réflexifs et j’en parlais sur Instagram la semaine dernière.
En gaucho de service, j’ai envie de dire que ce n’est pas bien compliqué de démontrer que cette foutue “théorie du ruissellement” est un château de carte. Galder Gaztelu-Urrutia a soufflé dessus (sans faire le moralisateur).
« Il y a trois catégories de personnes, celles qui sont au dessus, celles qui sont en dessous et celles qui tombent. » - Trimagasi (personnage secondaire)
Toute l’idée de La Plateforme c’est de montrer que plus on donne aux riches et plus ils crachent sur les pauvres.
Elle dit même, et c’est là que c’est socialement et psychologiquement effrayant : un parvenu, qui s’élève socialement, oublie vite d’où il vient et est capable de devenir aussi ingrat et discriminant que les riches qui faisait de lui un pauvre auparavant.
Tu as compris que dans Le Tour, plus tu es installé proche du niveau 1 (out en haut) et plus tu as de nourriture à disposition. Au contraire, plus tu t’enfonces dans les niveaux et plus c’est la desh… Voire le chaos.
Et comment on s’en sort quand les connards du dessus se goinfrent et crachent dans ton assiette pour se venger du traitement qu’un autre connard lui aura infligé le mois précédent ? Il y a deux solution :
soit on créer des règles et on les respectent (donc on devient communiste et on répartit les richesses)
soit on se range du côté des anarchiste et de la loi du plus fort
Qu’est-ce que tu ferais toi, devant le festin au 6e étage, après avoir passé un mois ou presque sans manger dans un étage inférieur ? Tu en laisserai pour les autres ou tu ne penserais qu’à remplir ton estomac ? Ta survie en dépend.
Dans une société où l’égoïsme est la norme, où les SDF jonches les rues de nos villes sans que la plupart des gens n’ose ne serait-ce que les regarder, où 1% des plus riches font flamber la planète à coup d’hôtel de luxe et de voyage en jet privé, La Plateforme est terrifiante de pertinence.
Quand on est en bas, on ne comprend pas que ce foutu milliardaire ne donne pas de sa fortune aux causes humanitaires et écologiques, et quand on est en haut, on ne pense qu’à profiter, quand bien même on peut perdre cet avantage du jour au lendemain parce que les changements climatiques sont impitoyables (#tempête #inondation #incendie…) ou bien parce qu’on ne choisit pas dans quelle famille l’on nait.
Deux avis extérieurs pour nuancer
Le fait même de se tenir avec un admirable entêtement dans le domaine de la métaphore, de ne jamais nous offrir de réponse "rationnelle", ou même simplement "logique", attisera la rage de nombre de spectateurs frustrés, mais confère au film une sorte de pureté théorique, ainsi que de cruauté radicale, qui le distinguent clairement du lot des films de genre. - 7/10 Eric BBYoda (SensCritique)
Tu l’auras compris, je suis carrément en phase avec l’avis d’Eric qui a relevé la richesse du message et la façon dont l’image, la bande-son glaçante et le scénario le révèlent.
Le film avance ainsi maladroitement jusqu'à un dénouement expéditif et pseudo ouvert, censé laisser le spectateur songeur et méditatif par sa simplicité complexe. Au final, de nombreux enjeux qui auraient pu être très intéressants sont évacués et tout l'intérêt de ce long métrage retombe comme un soufflé avant la fin de la première heure. C'est très dommage, car l'idée était riche et les images soignées. Comme c'est souvent le cas avec une bonne partie des productions Netflix - 5/10 Lena Haque (SensCritique)
Mais, il y a des remarques de Lena avec lesquelles je suis d’accord, notamment un personnage secondaire - je dirais même utilitaire - qui tombe (c’est le cas de le dire) comme un cheveux sur la soupe et qui n’a pas vraiment d’arc narratif.
La Plateforme 2 : pourquoi ?
C’est la sortie de ce second opus qui m’a fait découvrir la duologie, et je l’ai maté dans la foulée en espérant effectivement combler la frustration de la fin abrupte du premier film.
Queneni.
La Plateforme 2 a reçu un accueil mitigé par les internautes et je fais partie des déçu·es.
Parce qu’au lieu d’approfondir l’univers en répondant à la quantité interminable de questions que le premier film nous a laissé, il répète un schéma qu’on a certes aimé découvrir, mais dont on se lasse. Sans compter qu’il génère de nouvelles interrogations.
En fait, il est superficiel, moins percutant. Il est… Inutile. Voire carrément incompréhensible.
Mon pourquoi est aussi valable pour le choix de casting de Bastien Ughetto, qui incarne Robespierre (le révolutionnaire autoritaire et défenseur de la paix… Lol).
Terminons sur un avis tranché qui a la mérite de faire sourire :
Une métaphore de Netflix ? Une plateforme où l'on sert, en quantité abondante, un caca indigeste à ses abonnés qui consomment sans réfléchir. La Plateforme 2 semble être une métaphore de ce qu'est devenue Netflix : une triste plateforme recyclant ses idées originales jusqu'à l'épuisement. - 3/10 PatrickAnalyse (SensCritique)
Attention spoiler
La Plateforme a tellement échauffé les méninges des internautes que Netflix a monté une vidéo de décryptage pour donner un sens au scénario et aux choix de mise en scène.
Si tu n’as pas vu les films, ne regarde pas cette vidéo ! Ca gâcherait toute ton expérience…
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A mercredi prochain 👋
Avec le temps, je regarde de moins en moins de films et de séries (voire plus du tout de séries), et je crois bien que les derniers que j'ai vu, c'était uniquement au cinéma 😕 mais l'avantage on va dire, c'est que je lis plus qu'avant ! Je suppose qu'on ne peut pas tout faire (surtout quand on a besoin de 8h de sommeil pour fonctionner à peu près normalement)...