Les extraterrestre sont forcément des monstres
J'ai vu Life : Origine Inconnue, un film de science fiction horrifique, et j'ai forcément fait le rapprochement avec Alien : le 8eme passager. Pas toi ?
Chair lecteur·ice 😈
Souhaitons la bienvenue à Fanny et Céline, dans l’enfer de cette 72e édition des Papiers Noirs à l’Encre Rouge.
Dans ces Papiers Noirs tu trouveras de quoi (re)découvrir des pépites littéraires et cinématographiques entre thriller, fantastique, horreur et science-fiction. Par le prisme de l’écriture, de la lecture et de l’actualité, c’est sang pour sang '“mauvais” genres.
Bonne lecture !
🔪En un coup de couteau
Life et Alien, une intention similaire
Life a voulu faire original, mais…
Si je te dis “vaisseau spatial”, “créature” et “massacre” tu penses tout de suite à…
Alien : le 8ème passager de Ridley Scott (1979) ou Life : Origine inconnue de Daniel Espinosa (2017) ?
Le premier, si tu adores marier Horreur et SF (un de mes délires préférés), et que tu cliques plus souvent sur “culte et classique” que sur “nouveauté”.
Le deuxième, si t’es sensible à ce genre de casting cinq étoiles :
Et peut-être que tu n’as pas fait le rapprochement entre les deux pour X ou Y raison, alors laisse-moi t’en dire davantage sur le rapprochement que je ne suis pas seule à faire.
L’intention du film Life : Origine Inconnue est-elle la même que celle d’Alien ?
« Dana Goldberg et moi avons eu l’idée initiale [du film] à l’époque où Curiosity venait d’atterrir. Que se serait-il passé si le rover avait découvert une vie unicellulaire sur Mars et l’avait rapportée à bord de l’ISS pour analyse ? Une fois que cette forme de vie se serait trouvée dans des conditions propices à son développement, elle aurait commencé à grandir… Et comme c’est toujours le cas avec l’espèce humaine, nous aurions cherché – avec les meilleures intentions du monde – à l’analyser et elle se serait révélée hostile. Cela transforme le film en un thriller de science-fiction horrifique incroyablement tendu dans l’ISS, à gravité zéro. »
J’en déduis que Daniel Espinosa a été influencé par le traitement horrifique qu’Alien a fait de la vie extraterrestre.
C’est vrai… Tu connais un film qui met en scène une perception paisible des Martiens ? Même dans l’humour ils sont hostiles, et je fais bien référence à Mars Attack (Tim Burton, 1997).
C’est en ça qu’on peut voir dans Life une revisite d’Alien.
Mais là où Alien a fait naître le sous-genre du slasher spatial, Life ne fait que reprendre la recette en en changeant la fin.
Vraiment ? Avançons une analyse plus nuancée que la critique d’une IA générative, s’il te plait !
J’en conviens, l’intention de Life est la même que celle d’Alien : exacerber notre peur de l’inconnu. Sachant qu’aujourd’hui l’inconnu est soit au fond des abysses, soit loin de la planète Terre.
Mais Life se démarque par l’approfondissement scientifique de la réflexion. C’est son point fort ! Parce que plus c’est rationnel, plus c’est vraisemblable et plus c’est flippant. Avec l’aide de biologistes spécialiste, l’équipe du film a imaginé une créature aux capacités hors norme, informe, et pourtant primaire : tout ce qui importe à cette substance vivante c’est de grandir et pour grandir elle a besoin de manger. Basique.
Et c’est encore plus vraisemblable, car Life se déroule dans un futur proche, alors qu’Alien a lieu en 2122, période où la Terre n’est déjà plus le seul habitat de l’humanité. Je dis ça tout en ne croyant pas du tout à une planète B pour nous, hein. Je suis plutôt du côté de la lutte contre le réchauffement climatique que du côté des riches dévastateurs que sont Bezos et Musk. Soit.
Cela dit, dans les deux films on haït l’extraterrestre parce qu’il ne semble avoir pour seul but que de proliférer au détriment des humains, que de se développer en dévorant tout intrus sur son passage, à l’instinct, et sans jamais songer une seconde à cohabiter.
Tu t’en doutes, s’en suit chaque fois un jeu macabre du chat et de la souris dans un espace relativement confiné, avec en ligne de mire la mort du xénomorphe (forme étrangère).
Là où Life a voulu se démarquer d’Alien, il se plante…
Tout commence dans un environnement bien différent du vaisseau lugubre et oppressant d’Alien : un intérieur plutôt blanc, éclairé, presque immaculé comme un hôpital ou un gigantesque laboratoire avec vue sur l’Univers.
J’imagine que l’intérêt c’est de mettre les spectateur·ices en confiance. L’ambiance entre les membres de l’équipage international est bon enfant et léger, iels flottent à loisir dans l’atmosphère dépourvu de gravité. Le lien avec la Terre existe, iels sont même contractuellement obligé·es de rendre des comptes en répondant aux questions de quelques enfants qui donneront à l’extraterrestre son nom : Calvin.
Ouais.
C’est là que tu comprends que le ton des paragraphes précédents était sarcastique. Parce que personnellement, je n’attends pas d’un film d’horreur dans l’espace qu’il soit humoristique. En cela, avoir casté Ryan Reynolds n’était sans doute pas une bonne idée… Ce n’est que mon avis (Deadpool c’pas ma came).
Si les deux films s’ouvrent sur un plan similaire, soit une nuée d’étoile dans l’immensité spatiale toute de noire colorée, la première partie de Life a plutôt l’objectif d’un film d’aventure sur fond de voyage spatial qui nous en met plein les mirettes.
Résultat, Life met vingt bonnes minutes à planter un décors qui deviendra très vite inutile et après le film sera totalement oublié.
A quoi bon essayer de nous faire croire que Calvin sera une découverte si géniale que l’équipe de scientifiques va s’empresser de la ramener sur Terre pour l’étudier, puisqu’on sait déjà que c’est un Alien 2.0 ?
A quoi bon tenter de nous rendre les personnages attachants alors que les 3/4 du film on aura oublié jusqu’à leur prénom parce qu’on sera obnubilé par le futur massacre de la créature ?
C’est clairement du temps gaspillé pour rentabiliser les heures d’entrainement à flotter accrocher à un harnais et pour mettre en avant la reconstitution réelle du vaisseau dans un studio de cinéma.
C’est même d’autant plus gaché que les décors industriels d’Alien, sublimés par le sound design minimaliste, les silences glaçants et la lenteur du rythme, distillaient autant la terreur que l’esthétisme répugnant de la créature.
Parce que la direction photographique de Life a beau être belle, (retenons le plan-séquence d’ouverture de 8 minutes, très impressionnant), la station spatiale réaliste et la gravité impeccablement gérée par la fluidité des acteur·ices, l’ensemble reste un peu lisse. Malgré des efforts techniques visibles, le film ne marque pas visuellement.
Puis, finalement, je te parlais d’une intention scientifique chez Life, n’est ce pas ? Eh bien, même là, le film ne va pas au bout. Il pose bien une question sur l’éthique : ramener une espèce dont on ne sait rien sur Terre au risque de mettre l’humanité en danger ou bien sacrifier sa vie pour éviter ce risque. Mais ça ne devient jamais un débat, encore moins un dilemme, parce qu’on se fout que les personnages crèvent.
En conclusion
(Re)vois Alien : le 8eme passager et je ferai de même dès que possible !
Life : Origine Inconnue n’est pas un mauvais film, c’est plutôt un bon divertissement (je lui donne un 6/10)
Au fait, il y a un rat dans Life. Inutile de t’attacher à lui. Je te suggère ma newsletter sur les animaux dans les films d’horreur, et tu comprendras.
Avant de partir, dis-moi.
Tu peux détailler ta réponse en commentaire, m’expliquer ce que provoque l’extraterrestre chez toi.
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J’espère que cette newsletter sur les extraterrestre dans les films d’horreur t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋
Attention, beaucoup de spoils à venir !
Alors oui, je connais un film qui propose une perception paisible des martiens 😅 (Mission to Mars).
Et sinon, Calvin me fait beaucoup plus peur que le xénomorphe : ce dernier n’a à aucun moment le plan de prendre le contrôle pour envahir la terre, c’est à chaque fois le plan des humains. C’est une machine à tuer, mais il n’a pas de mauvaises intentions. A l’inverse, Calvin est présenté de façon à ce qu’on ait vraiment l’impression qu’il a un plan, qu’il réfléchit comme un colonisateur. La preuve en est qu’il ne tue pas Jake Gyllenhaal (ma vie) dans la capsule, contrairement aux autres personnages. Il s’en sert pour arriver sur terre, ce que n’aurait pas fait le xénomorphe.
+ Calvin est beaucoup plus près de la terre, ça y fait aussi.