A partir de quand on est auteure ? (partie 2)
J'avais besoin d'une deuxième édition pour aller au bout du sujet alors voici la seconde partie concernant mon rapport au statut d'auteur·ices.
Chair lecteur·ice 😈
Souhaitons la bienvenue à David, Shauna, Mariec et Seybatou, dans l’enfer de cette 78e édition des Papiers Noirs à l’Encre Rouge.
Dans ces Papiers Noirs tu trouveras de quoi (re)découvrir des pépites littéraires et cinématographiques entre thriller, fantastique, horreur et science-fiction. Par le prisme de l’écriture, de la lecture et de l’actualité, c’est sang pour sang '“mauvais” genres.
Bonne lecture !
🔪En un coup de couteau
Quand j’ai commencé à challenger mon écriture via les concours
Mon (premier) projet de roman
La création de mon compte Instagram
Précédemment dans les Papiers Noirs à l’Encre Rouge…
Mercredi dernier je te racontais (une partie de) mes premiers pas dans l’écriture et notamment quand j’ai plongé dans une obsession potterienne qui consistait à romancer les films, mais également ma découverte des fanfictions et la publication de mes premières histoires originales sur un site toujours en ligne aujourd’hui.
Je ne t’ai pas parlé de mes premiers récits pour le cours de français au collège, de l’épreuve d’expression écrite au brevet, ni même de mon aisance en philosophie au lycée, de mon parcours de deux ans en classe préparatoire littéraire ou de ma plongée pour une durée indéterminée dans le monde du jeu de rôle textuel que je pratique encore.
Il y aurai tant de choses à dire ! Mais là on embraye sur la suite.
J’aime le challenge
Même après avoir publié mes écrits, les avoir soumis à des lecteur·ices, je ne me considérais pas comme auteure. Pourtant, à cette même période, j’ai commencé à envoyer des nouvelles dans le cadre de concours d’écriture et d’appels à textes.
Les histoires que vous allez lire ont toutes une origine différente, précise, plus ou moins lointaine. Le mot le plus ancien de ce recueil remonte à décembre 2018. J’avais vingt ans, la créativité en ébullition et j’écrivais Gueuleton (qui ne portait pas ce titre à l’époque), un court récit qui composerait un recueil de 24 textes, un pour chaque jour du calendrier de l’avent. L’origine de cette histoire est un dicton bien connu, « Un de perdu, dix de retrouvés », mixé à mon amour pour l’œuvre de Stephen King, le roi de l’horreur. […] Depuis, j’ai retravaillé ce texte, comme tous les autres. J’ai donné à certains la chance de participer à un appel à texte, et d’autres sont nés pour concourir.
13 Effrois, Avant-propos (2023)
J’ai soumis Gueuleton à une revue rennaise (je viens de vérifier, elle n’existe plus…) : La Grenouille à Grande Bouche.
La Grenouille à Grande Bouche, c’est une revue trimestrielle qui renouvelle les codes de la revue culinaire, en s'intéressant aux assiettes de monsieur et madame Toulemonde et au culinaire comme fait culturel ou social. A chaque numéro, elle explore un thème alimentaire ou culinaire (plat, produit, mode de consommation, fait alimentaire de société...) qu’elle traite dans trois cahiers : culture, cuisine et société.
Si tu as lu Gueuleton dans 13 Effrois, tu comprends pourquoi je l’ai envoyée à cette revue qui cherchait des récits. Mais je pense que c’était à côté de la cible. Parce que Gueuleton c’est un récit horrifique qui se déroule pendant un dîner, un moment prétexte pour mettre le projecteur sur les pires conséquences du patriarcat. Et c’était trop violent pour la revue, sans compter que c’était probablement hors-sujet.
Toujours est-il que j’avais cette indéfectible envie de savoir ce que je valais littérairement parlant ! Parce que je ne voulais pas me fourvoyer et avancer dans une direction qui ne mène à rien d’autre qu’une traversée du désert. En fait, je suis du genre passionnée : quand quelque chose me tient à cœur, je m’y investie à fond.
Alors quoi de mieux que confronter mes écrits à un jury ?
J’ai enchaîné les concours, les appels à textes, j’ai inventé des histoires, passé du temps à la relecture, peu à la réécriture et j’ai croisé les doigts, tout ça pour ne recevoir que des réponses négatives après des semaines d’attente, voire des mois.
Aucune de mes histoires n’a eut le privilège d’être lauréate (à part un poème, Breizhadez, qui fait parti des 365 micro-textes publiés dans un almanach en édition limitée publié en 2021 par SéLa Prod), même si j’ai parfois pris une place sur le podium. Et malgré tout, j’ai persévéré à travers les années.

C’est ainsi que j’ai croisé la route de passionné·es qui voulaient faire renaître le Pulp, ces recueils de nouvelles illustrés qui ont fait l’âge d’or des histoires courtes aux États-Unis dans les années 1930’s, mettant en lumière les récits d’H.P. Lovecraft, entres autres !
J’ai écrit trois nouvelles pour ces Pulp Magazine vendus en e-book dans des quantités très faibles parce qu’il n’y avait aucune stratégie marketing derrière. Mais ça m’a permis d’y croire, de m’exercer et de rencontre l’illustrateur de mon recueil de nouvelles par la même occasion : Yann Vilain Cortie.
Est-ce que je me collais l’étiquette d’auteure ? Non, parce que je cherchais encore ma légitimité derrière la montagne de mots que j’avais écrit.
Et surtout, je n’avais aucun roman à mon actif.
Le grand projet de roman, ou le fantasme abandonné
On y est ! Ce qui peut, dans la tête de certain·es, différencier un·e écrivaillon qui imagine des trucs sur son temps libre et un·e auteur·ice, c’est le format du roman.
Dans mes souvenirs, quand j’ai fait un sondage pour savoir si mes lecteur·ices lisant des nouvelles, la réponse était majoritairement “non”. Et j’entends souvent que c’est un genre qui est mort, qui ne se vend pas et se lit peu. J’ai du mal à la concevoir parce que moi-même j’adore ça et j’en lis beaucoup. J’ai même découvert une maison d’édition qui vit littéralement des nouvelles : Editions 1115 (j’en parlais dans la newsletter n°75).
Mais, ça explique sûrement qu’on ne considère auteur·ice que celleux qui ont au moins rédigé un roman. Même si c’est faux. Stephen King a commencé sa carrière avec des nouvelles, et même si elle a décollé suite à la publication du roman Carrie, il écrit toujours des nouvelles et son tout dernier recueil Plus noir que noir est sorti le 27 février 2025 !
J’avais envie d’écrire un roman. Seulement, l’envie ne suffit pas. Il me fallait quelque chose à dire.
Quand je me suis lancée dans le challenge du NaNoWrimo pour la toute première fois, j’avais une idée et j’étais déterminée.
En novembre 2019, j’ai écrit plus de 30 000 mots en seulement 30 jours et j’avais la base de mon premier roman intitulé Les John Foster. En parler, ça me rend nostalgique, j’ai envie de m’y replonger…
Mais si tu me suis depuis le début ou presque, tu sais que ce roman, même si je l’ai écrit jusqu’au bout, réécris, ré-récris, et même présenté à des lecteur·ices en partie, il n’a jamais vu le jour. Je l’ai abandonné.
Un roman, même s’il existe, qu’il a un point final, il ne faisait pas de moi une auteure pour autant. Hm, toujours pas.
Le jour où j’ai créé un compte Instagram
En août 2020, j’ai décidé de créer un compte Instagram dédié à l’écriture et à la lecture. J’y partage mes avis, mes aussi des textes, bref, j’intègre le game de bookstagram avec une identité propre.

Pour autant, je crois que j’ai mis un an avant d’écrire “auteure” dans ma bio Instagram, à cause du syndrome de l’imposteur. Bah c’est vrai, à part des nouvelles dans un pulp magazine méconnu et un poème dans un almanach probablement écoulé à moins de 500 exemplaires, j’avais aucune légitimité (à mon sens à l’époque).
Mais j’ai compris que pour être auteure il suffisait de le décider et de l’assumer, tout simplement.
Au début, j’avais l’impression de mentir à mes abonné·es. Puis, j’ai fini par embrasser cette image que je voulais renvoyer de moi-même.
Enfin…. Ahah, c’est pas si simple.
En réalité, le statut d’auteure que je me suis attribué, je ne fais que le remettre en question selon les périodes de ma vie. Jusqu’à ce que je publie 13 Effrois, j’étais frileuse à le revendiquer. Puis quand mon nom a figuré sur un bouquin en vente, un vrai bouquin que j’ai commencé à dédicacer en librairie et en salon, là j’étais fière de dire que j’étais auteure.
Mais tout ça, c’était entre mai 2023 et février 2024. Autrement, dit, c’était il y a déjà plus d’un an. Et depuis, je suis dans cette nouvelle traversée du désert.
Je ne suis pas là pour faire ma thérapie, mais si aujourd’hui j’ai du mal à dire “je suis auteure” malgré mon livre publié, lu et aimé ; malgré les 78 éditions de Papiers Noirs à l’Encre Rouge envoyées ; malgré les tas d’histoires écrites à plusieurs mains sur un serveur discord ; malgré des bouts d’histoire griffonnés et un roman qui dort dans sur un fichier ; c’est parce que je me sens incapable d’aller au bout d’un quelconque projet littéraire.
J’ai développé une peur de la page blanche paralysante. Je trouve toujours une excuse pour ne pas écrire alors que je ne pense qu’à écrire toute la journée ! Et quand par bonheur je parviens à déjouer mon esprit et à écrire (sur papier, parce qu’écrire sur PC me paraît encore plus insurmontable sans doute à cause de la tentation à la distraction et de l’effet emprisonnant du clavier), ça me fait un bien fou. Pourtant, j’ai toujours peur de recommencer, parce que je n’ai plus confiance en moi, que j’ai peur de faire moins bien alors qu’après une première expérience de la publication on attend de nous que nous fassions mieux, parce qu’on est forcément censé s’être amélioré.
Je n’ai rien publié depuis octobre 2023.
Alors je suis quoi : ex-auteure ?
Avant de partir, j’ai une question pour toi.
Tu peux détailler ta réponse en commentaire, si tu veux en discuter, tranquille.
Tes cadeaux pour te remercier de partager “Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge”
Pour rappel, si tu recommandes Les Papiers Noirs à l’Encre Rouge à d’autres personnes, voici les récompenses que tu peux gagner :
1 recommandation → Choisis la prochaine œuvre que je chronique (film ou livre).
7 recommandations → La nouvelle Amort au format e-book.
20 recommandations → Mon recueil de nouvelles 13 Effrois au format e-book.
Il te suffit de cliquer sur le bouton juste en dessous pour obtenir ton lien personnalisé :
J’espère que cette deuxième partie sur mon rapport au statut d’auteurce t’aura intéressé·e. Si oui, laisse-moi un like avant de partir !
A mercredi prochain 👋
J'ai bien conscience que mon parcours est modeste, surtout quand je traîne sur Bookstagram (peut-être pour ça que j'ai énormément diminué mon temps passé là-bas, ça génère beaucoup trop de phases de comparaison) mais ton point de vue me rappelle que je n'ai pas non plus à rougir de gène et que... Chacun.e son parcours ! (Chacun sa route, chacun son chemin, ahah). Merci beaucoup pour ton retour.
Si jamais tu hésites toujours à partager tes écris de fiction mais que tu en as envie au fond, je te conseille de commencer par cette plateforme intimiste et bienveillante dont je parle dans la partie 1 qui est "Le Héron à la Plume Flamboyante". Et sinon, c'est ok de garder tes écrits pour toi aussi.
Salut. Tu dis que n'as rien publié depuis 2023 mais ce substack...est une publication ! C'est juste un autre circuit et une autre forme.